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Première nuit sans émeutes dans l'ensemble du pays

Les forces de police, fortement mobilisées, ont réussi à maintenir le calme dans tout le pays pour la première fois depuis samedi. Des tensions persistent néanmoins, notamment à Londres. Le Parlement se réunit ce jeudi en session extraordinaire.

AFP - Face aux pires émeutes depuis des décennies au Royaume-Uni, le Premier ministre David Cameron a assuré mercredi à une opinion inquiète que la "riposte est en cours" et complété l'arsenal répressif, alors que la nuit était calme pour la première fois depuis samedi.

Le parlement britannique doit se réunir jeudi en session extraordinaire pour discuter de ces émeutes.

D'importantes forces de police semblaient avoir réussi, jeudi vers 02H00 (01H00 GMT), à maintenir le calme dans tout le pays pour la première fois depuis samedi, alors que les violences ont déjà fait au moins quatre morts et un blessé grave.

Des tensions persistaient néanmoins. La police a dispersé mercredi soir un groupe de 150 hommes à Eltham, dans le sud de Londres, sans affrontement.

Et l'émotion était grande à Birmingham (centre), où trois jeunes hommes qui tentaient de protéger leur quartier des pillards ont été écrasés dans la nuit de mardi à mercredi par une voiture.

En soirée, des centaines de personnes se sont rassemblées dans le calme, bougies à la main, pour une cérémonie d'hommage. Tariq Jahan, dont le fils Haroon, 21 ans, figure parmi les victimes, a appelé à "respecter la mémoire de nos fils" en mettant fin aux violences.

La police a ouvert une enquête pour meurtre. Elle a arrêté un suspect, un homme de 32 ans.

Un homme de 68 ans, agressé par des jeunes lundi soir en essayant d'éteindre un incendie à Ealing, dans l'ouest de Londres, restait dans un état grave.

Dans les villes touchées par les troubles, les tribunaux continuaient toute la nuit à juger des centaines de personnes interpellées pour violences et pillages.

Plus d'un millier de personnes au total ont été arrêtées dans le pays depuis samedi. A Londres seule, 820 personnes ont été arrêtées et 279 inculpées, a annoncé Scotland Yard.

Vingt-quatre heures après une première mise en garde aux fauteurs de troubles, David Cameron est revenu à la charge mercredi, promettant qu'il ne laisserait pas une "culture de la peur s'instaurer dans les rues".

Les policiers seront autorisés à utiliser "toute tactique qu'ils jugent nécessaire", a averti le chef du gouvernement, notamment des canons à eau jusqu'à présent réservés aux troubles en Irlande du Nord.

"Il fallait une riposte et la riposte est en cours", a poursuivi sur un ton très offensif le Premier ministre conservateur, faisant fi des inquiétudes "bidons concernant les droits de l'Homme" après la publication par la police de photos de pilleurs présumés.

Sillonnée par 16.000 policiers, Londres était restée calme mardi soir malgré la tension toujours perceptible.

La nuit de mardi à mercredi avait en revanche été le théâtre de violences et de pillages dans plusieurs autres villes, atteignant pour la première fois Manchester (nord-ouest), la troisième ville du pays, ainsi que Nottingham, Birmingham (centre) et sa banlieue, Liverpool, Salford (nord-ouest), Bristol et Gloucester (sud-ouest).

Compliquant encore la situation, des groupes d'autodéfense se sont constitués à Londres.

Ces émeutes, les plus graves dans le pays depuis plus de vingt ans, constituent sans doute la pire crise à laquelle doit faire face David Cameron en quinze mois de pouvoir.

Déjà en position très délicate au début de l'été à cause du scandale des écoutes et de ses liens avec le groupe de presse de Rupert Murdoch, il a été vivement critiqué pour n'avoir écourté que mardi ses vacances alors que les émeutes faisaient rage depuis trois jours.

Et dans les villes saccagées, des habitants se plaignent que le gouvernement ne parvienne pas à reprendre la situation en main. Les jeunes émeutiers, très mobiles, communiquent via la messagerie gratuite de leur BlackBerry, Facebook ou Twitter.

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"Les policiers ont été débordés par les émeutes"
Première nuit sans émeutes dans l'ensemble du pays

L'opposition se garde pour l'instant de jeter de l'huile sur le feu et condamne sans ambiguïtés les violences. Certains travaillistes commencent toutefois à dire que le plan de rigueur du gouvernement, incluant des baisses d'effectifs dans la police, a contribué à faire monter la tension sociale.

Mais selon un sondage diffusé jeudi, seuls 8% des Britanniques pensent que c'est la politique d'austérité qui a entraîné les émeutes. La majorité accuse la criminalité (42%) et la culture des gangs (26%). 5% désignent le chômage, et la même proportion les tensions raciales.

Ils sont aussi nombreux à critiquer le gouvernement, accusé d'avoir mal géré la crise (57%)

"Le plus grand test pour Cameron est arrivé. Est-il à la hauteur de la tâche?", s'interrogeait mercredi le quotidien The Independent.