Au lendemain d'une journée noire en Europe et à Wall Street, les Bourses asiatiques limitent les pertes. Les rumeurs sur une dégradation de la note de la France ou sur la faillite de la Société générale sont à l'origine de ce regain de nervosité.
AFP - Les marchés asiatiques repartaient à la baisse jeudi, après une courte séance de répit, parvenant cependant à limiter leurs pertes dans la tourmente boursière mondiale tandis que l'or, fort de son statut de valeur-refuge, crevait de nouveaux plafonds.
Les principales Bourses asiatiques ont ouvert dans le rouge jeudi et beaucoup restaient en baisse en matinée ou à la mi-séance, mais de manière moins prononcée que les places européennes et à Wall Street la veille.
A Tokyo, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes reculait de 1,29% à la mi-séance. Séoul a plongé de 4% lors des premiers échanges mais se redressait de 0,75% tandis que Hong Kong ne cédait que 0,89% et Shanghai 1,58%.
Sydney était à l'équilibre à la mi-séance.
"Le fond de l'affaire, c'est que la peur est grande sur les marchés", a déclaré Michael McCarthy, chef de la stratégie chez CMC Markets en Australie.
Le pétrole repartait lui aussi à la baisse en Asie. Il avait pourtant résisté à la panique la veille grâce à l'annonce d'une diminution spectaculaire et inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis.
Dans les échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" perdait 79 cents à 82,10 USD et celui de Brent de la Mer du Nord reculait de 1,10 USD à 105,58 USD.
"L'ambiance sur le marché reste incertaine quant à ce qui va se passer en Europe et aux Etats-Unis", a souligné Ker Chung Yang, analyste chez Phillip Futures à Singapour. Les marchés craignent une nouvelle récession aux Etats-Unis et une contagion de la crise de la dette en zone euro, qui pèseraient fortement sur la demande pétrolière mondiale.
Les investisseurs, qui retirent leurs fonds des places boursières, favorisent l'or, dont le statut de valeur refuge en période agitée continuait de jouer à plein.
Le métal jaune a battu un nouveau record jeudi sur le marché à Hong Kong, crevant pour la première fois le plafond des 1.800 dollars US l'once: il a atteint 1.814,50/1.815,50 dollars dans la matinée.
Aux États-Unis
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En Europe
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En France
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En Asie
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Le yen, considéré lui aussi comme une valeur refuge, s'appréciait face au dollar et à l'euro. Le dollar valait 76,75 yens, en baisse par rapport aux 76,83 de la veille à New York tandis que l'euro reculait à 108,86 yens contre 108,91 la veille.
Ce nouveau renchérissement inquiète les autorités japonaises qui craignent que cela pénalise les exportations du pays. Le ministre des Finances Yoshihiko Noda a indiqué jeudi qu'il restait attentif à ces mouvements de change.
Lui et le gouverneur de la banque centrale du Japon avaient insisté mardi sur leur volonté de contrer la force handicapante de la monnaie nippone.
Mercredi, les Bourses européennes et américaine avaient à nouveau décroché, en raison de nouvelles inquiétudes sur la zone euro et des rumeurs, aussitôt démenties, d'abaissement de la notation de la dette publique française ou de faillite bancaire.
En clôture, la Bourse de Paris a plongé de 5,45%, Francfort de 5,13% et Londres de 3,05%. Madrid a perdu 5,49% et Milan 6,65%.
A New York, le Dow Jones a lâché 4,62% et le Nasdaq 4,09%.
Le rebond de mardi aura donc fait long feu.
La nervosité a été portée à son comble mercredi par la multiplication de rumeurs de dégradation de la note de la France ou de faillite de la banque française Société Générale, dont l'action s'est effondrée de 22% en cours de séance.
Le gouvernement français a "formellement" démenti les rumeurs sur une éventuelle dégradation de sa note.
La France et l'Italie sont montées au créneau pour tenter de convaincre les investisseurs de leur détermination à maîtriser leurs budgets.
Le président français Nicolas Sarkozy a ainsi interrompu ses vacances pour présider une réunion de crise. Paris promet d'annoncer, le 24 août, de nouvelles mesures pour atteindre ses objectifs de réduction du déficit, indispensables pour conserver sa note "AAA".
Le gouvernement de Silvio Berlusconi s'est de son côté engagé à adopter au plus tard le 18 août de nouvelles mesures d'austérité destinées à revenir à l'équilibre budgétaire dès 2013 en économisant 20 milliards d'euros supplémentaires.
Beaucoup d'incertitudes vont persister pendant encore plusieurs semaines, avertissent certains analystes. L'économie américaine croît à un rythme lent et il n'est pas exclu que la récente tempête boursière affecte l'activité économique.
La banque centrale américaine (Fed) a dressé mardi un bilan de santé peu brillant de la première économie mondiale, dont les perspectives sont "molles". La croissance y a crû à un rythme annuel de moins de 1% au premier semestre alors que l'institution tablait sur plus de 3% en début d'année.