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LA BCE s'engage à racheter davantage de dette publique

La Banque centrale européenne s'est engagée dimanche soir à racheter plus de dette publique des pays de la zone euro sans détailler ses intentions. Les marchés s'attendent à ce qu'elle intervienne sur celle de l'Espagne ou de l'Italie.

AFP - La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé dimanche soir qu'elle allait tenter de calmer le feu sur les marchés en rachetant davantage de dette publique de pays de la zone euro en difficulté sur le marché secondaire, là où s'échangent les titres déjà émis.

"La BCE va appliquer activement son programme (de rachat d'obligations sur le marché secondaire)", a-t-elle déclaré dans un communiqué, à l'issue d'une réunion téléphonique convoquée d'urgence face à l'escalade de la crise de la dette.

Elle n'a pas précisé la dette de quel pays elle comptait racheter, mais les marchés

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s'attendent à ce qu'elle intervienne sur les obligations de l'Italie et de l'Espagne, dont les taux obligataires ont atteint des records ces deux dernières semaines.

L'institution monétaire de Francfort a d'ailleurs salué dans son communiqué les annonces des gouvernements italien et espagnol "concernant de nouvelles mesures et réformes dans les domaines des politiques budgétaires et structurelles".

La BCE considère nécessaire "une rapide application" de ces programmes pour améliorer la compétitivité de ces pays "et réduire rapidement leurs déficits publics".

Le Parlement italien a adopté le 15 juillet un plan d'austérité renforcé de près de 48 milliards d'euros pour mettre le pays à l'abri de la crise de la dette. Mais après une semaine de turbulences, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a annoncé vendredi l'accélération des mesures prévues dans le projet de budget pour les trois ans à venir, "dans le but d'arriver à l'équilibre budgétaire en 2013 au lieu de 2014".

Jeudi, la BCE avait annoncé la reprise de ce programme de rachat d'obligations, adopté à l'automne 2010 face aux graves difficultés de la Grèce, mais en sommeil depuis plus de quatre mois.

Mais les déclarations de son président Jean-Claude Trichet laissant entendre quelle était divisée sur cette décision avait inquiété les marchés, comme son refus de dire si les obligations espagnoles et italiennes étaient concernées par ces rachats.

Selon plusieurs médias, les représentants de l'Allemagne au sein du conseil des gouverneurs, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, et le chef économiste Jürgen Stark, en particulier étaient opposés à cette mesure.

Si la BCE a finalement réussi à surmonter ses querelles face à une menace d'effondrement boursier, en raison aussi de l'abaissement de la note de la dette des Etats-Unis par Standard and Poor's, elle n'en a pas moins appelé les chefs d'Etat et de gouvernement européens à "s'assurer d'honorer leur signature souveraine".

Elle a aussi appelé à ce que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) puisse rapidement intervenir sur le marché secondaire, pour la relayer, comme il en a été décidé à un sommet à Bruxelles le 21 juillet.

Dans l'après-midi, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont devancé cet appel, réitérant "leur engagement à mettre en oeuvre pleinement" les mesures de l'accord sur la zone euro conclu à Bruxelles.

Ils ont insisté notamment sur le renforcement des possibilités d'aide aux pays fragiles via le FESF, déclarant souhaiter que les parlementaires de leurs deux pays autorisent ces mesures "avant fin septembre".

La France a déjà annoncé une session extraordinaire de son Parlement du 6 au 8 septembre.

Par ailleurs, la France et l'Allemagne ont dit s'en remettre à "l'analyse de la Banque centrale européenne", estimant qu'elle "constituerait le fondement approprié pour des interventions sur le marché secondaire", comme il en avait aussi été décidé le 21 juillet.

Au niveau mondial, des responsables du G20, qui regroupe les principales économies de la planète, ont tenu dimanche une téléconférence, selon un responsable sud-coréen. Cette concertation avait été précédée, dans la nuit, d'une téléconférence des ministres des Finances des pays riches du G7, entourée du plus grand secret.

Une autre, entre ministres des Finances et banquiers centraux du G7, devrait suivre avant la réouverture lundi matin des marchés financiers en Asie, selon des médias japonais, qui évoquent la possibilité d'une déclaration commune destinée à calmer les marchés.