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Les chars de l'armée syrienne prennent d'assaut la ville de Deir ez-Zor

L'armée syrienne a pris position dans la ville de Deir ez-Zor, dans l'est du pays, dimanche. L'attaque est intervenue quelques heures après une conversation téléphonique entre le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et Bachar al-Assad.

AFP - Des chars de l'armée syrienne ont pris d'assaut dimanche à l'aube la ville de Deir Ezzor (est), au lendemain de l'annonce de la tenue d'élections législatives "libres et transparentes" avant la fin de l'année par le régime de Bachar el-Assad soumis à une pression internationale accrue.

Agir face aux hors-la-loi qui coupent les routes, ferment les villes et terrorisent la population est une obligation pour l'État qui doit défendre la sécurité et protéger la vie des citoyens

Bachar al-Assad, président syrien, le 07/08

Les chars ont pénétré dans plusieurs quartiers de la ville et des bombardements ont été signalés dans au moins trois secteurs, a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) basé à Londres.

Les Comités de coordination locaux (LCC), qui coordonnent les manifestations anti-gouvernementales en Syrie, ont pour leur part affirmé que l'armée a pénétré dans neuf quartiers de Deir Ezzor et que de "très fortes explosions" ont été entendues dans la ville.

L'attaque à Deir Ezzor a été menée quelques heures seulement après que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté le président syrien Bachar el-Assad de mettre fin à la campagne militaire contre les opposants.

Au cours d'une conversation téléphonique. M. Ban, dont c'était le premier contact avec le président syrien depuis avril, a également insisté pour que cessent les arrestations de masse en Syrie.

Pour sa défense, le président Assad a évoqué qu'"un grand nombre" de membres des forces de sécurité syriennes avaient été tués au cours des manifestations.

"La Syrie tiendra des élections libres et transparentes qui donneront naissance à un Parlement représentant les aspirations du peuple syrien", a affirmé le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Mouallem, cité par l'agence officielle Sana.

"Pour le pouvoir syrien, la voie du règlement de la crise actuelle est celle du dialogue national", a-t-il affirmé, fustigeant la "position négative de l'opposition".

Mais dans le même temps, les forces de sécurité syriennes ont arrêté samedi soir Walid al-Bounni, l'un des opposants les plus en vue à Damas, et ses deux fils, à son domicile dans la banlieue de Damas, a annoncé le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Médecin de formation, M. Bounni, 47 ans, avait été en 2000 l'un des animateurs du "printemps de Damas", juste après l'arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad, et l'un des signataires de la "Déclaration de Damas", qui appelait à un "changement démocratique radical". Ses activités lui avaient déjà souvent valu la prison.

Ces arrestations surviennent alors que la pression diplomatique s'accentue sur Damas, au lendemain de la mort de 22 nouveaux manifestants lors du premier vendredi du mois de ramadan.

Washington, Paris et Berlin envisagent de nouvelles mesures contre Damas, tandis que les monarchies du Golfe ont réclamé la fin de l'"effusion de sang".

Le président américain Barack Obama, son homologue français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel envisagent "des mesures additionnelles pour faire pression sur le régime du président (syrien Bachar) al-Assad et soutenir le peuple syrien", a annoncé vendredi la Maison Blanche.

Tous trois ont "salué" la déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée mercredi, qui "condamne les violations généralisées des droits de l'Homme et l'usage de la force contre les civils par les autorités syriennes", a ajouté la présidence américaine.

Parallèlement, Washington a appelé tous les ressortissants américains à "quitter immédiatement" la Syrie en raison des violences.

La pression s'accroît également du côté des pays arabes: les monarchies du Golfe ont ainsi appelé samedi à la fin de "l'effusion de sang" en Syrie et à l'introduction de réformes.

Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu se rendra mardi en Syrie pour transmettre "avec détermination" au régime de Damas les "messages" d'Ankara, "à bout de patience" face à la violence de la répression dans ce pays, a affirmé samedi le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

La veille, pour le premier vendredi de ramadan, des dizaines de milliers de Syriens ont manifesté, en particulier dans Damas et sa région, à Deir Ezzor (est), Idleb (nord-ouest), Deraa (sud) et Qamechli (nord-est), appelant la communauté internationale à les soutenir alors que la répression de la contestation par le régime a fait au moins 22 morts, selon des militants.

"Vingt-deux personnes ont été tuées vendredi, 15 dans des manifestations durant la journée placée sous le slogan +Dieu est avec nous+ et sept pendant la nuit, après la prière des Tarawih", a déclaré Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, faisant également état de dizaines de blessés, dont plusieurs dans un état grave.

Au moins 2.038 personnes, dont 389 militaires et agents de sécurité, ont péri en Syrie depuis le début du soulèvement à la mi-mars contre le régime du président Assad, selon l'OSDH.

Dans plusieurs pays arabes, des militants ont exprimé vendredi leur soutien aux manifestants syriens.

Au Koweït, des centaines de personnes ont manifesté vendredi soir et appelé à l'expulsion de l'ambassadeur de Syrie et au rappel de celui du Koweït en poste à Damas.

En Tunisie, un collectif de soutien au peuple syrien a été créé vendredi, à l'initiative de plusieurs partis, associations et personnalités indépendantes, a annoncé son coordinateur Mokhtar Yahyaoui, ancien magistrat tunisien.

En Egypte, quelques centaines de personnes ont manifesté vendredi devant l'ambassade de Syrie au Caire. Les Frères musulmans avaient appelé leurs partisans à faire de vendredi une journée de solidarité avec les peuples arabes, en particulier la Syrie.