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Après 10 ans au pouvoir, Bouteflika brigue un troisième mandat

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, 71 ans, a annoncé sa candidature pour briguer un troisième mandat lors de la présidentielle du 9 avril. En novembre, le Parlement avait levé la limitation constitutionnelle à deux mandats.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a annoncé ce jeudi à Alger sa candidature à un troisième mandat présidentiel. La déclaration a été faite dans une salle omnisports algéroise, la Coupole, dans la banlieue ouest de la capitale.  Quelque 5 000 personnes - responsables politiques, membres d’organisations sociales et syndicales, animateurs de comités de soutien, etc. - ont assisté à la grand-messe.

Abdelaziz Bouteflika a fait "trois promesses" - dont la poursuite de sa politique de réconciliation nationale. "Je m'engage à continuer à promouvoir la réconciliation nationale (...) en réconciliant les Algériens avec eux-mêmes et avec leur pays", a-t-il dit. Mais "je continuerai à lutter contre le terrorisme par tous les moyens nécessaires", a poursuivi Abdelaziz Bouteflika pour qui, cependant, "la porte reste ouverte aux repentis".

Il a également promis de "poursuivre le développement intensif de l'économie" du pays, car "l'Algérie peut poursuivre son développement malgré la crise mondiale" et annoncé un nouveau plan de relance de 150 milliards de dollars sur cinq ans.
 

Pour Rafik Hassani, député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), parti d’opposition, l'annonce de la candidature de Bouteflika est un non-événement.

Seul enjeu : le taux de participation


"C’est un nouveau coup de force après celui porté à la Constitution le 12 novembre dernier », souligne-t-il à FRANCE 24. Il ajoute : "Le président a changé les règles du jeu. Il incarne le système qui a mené le pays à sa perte. Mais, malgré un bilan sombre de ses deux mandats, il a encore le culot de se représenter."

Abdelaziz Bouteflika peut briguer un nouveau quinquennat après une révision en novembre 2008 de la Constitution qui a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels successifs.

Rafik Hassani affirme que les jeux sont faits et Bouteflika sera bel et bien le président de l’Algérie au soir du 9 avril prochain. Ce qu’il craint en revanche, c’est que sa réélection plonge le pays à nouveau dans le chaos. "Comment un régime qui n’a pas exploité la manne financière de plusieurs milliards de dollars au service de l’économie peut-il rattraper aujourd’hui tout le retard accumulé depuis dix ans ? ", s’interroge-t-il.

De son côté, Fayçal Métaoui, journaliste au quotidien francophone "El Watan", estime que le seul enjeu crédible de cette élection sera celui de la participation. Craignant le boycott total, le pouvoir algérien a, selon lui, chargé les imams d’inciter les Algériens à aller voter le 9 avril, en envoyant des émissaires dans l’ensemble des régions. "Les élections de 2009 sont plus que fermées, explique Métaoui. Bouteflika se présente avec la machine électorale de l’Etat ; dès lors qu’il annonce sa candidature, il est déjà président. "

"Une mascarade" selon certains

L’opposant et président du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) Ferhat Mehenni assure que la Kabylie va boycotter les élections. Il précise que Bouteflika n’a pas changé la Constitution pour rien. "Lors de l’élection présidentielle d’avril 2004 - avec des candidats plus ou moins crédibles tels que le Premier ministre de l’époque Ali Benflis -, le scrutin avait déjà tourné à la mascarade, qu’en sera-t-il cette fois avec des candidats fantoches, comme Louisa Hanoun, occupée à casser du Kabyle ?"

Agê de 71 ans, Bouteflika est confronté à de gros problèmes de santé. Ses médecins lui ont diagnostiqué un cancer d'estomac. Le président algérien est sous dialyse depuis son arrivée au palais de la Mouradia en 1999. Il a subi une intervention chirurgicale rénale en 1985 aux Etats-Unis. 

Les candidats à la présidentielle ont jusqu'au 23 février pour se déclarer pour ce scrutin d'ores et déjà boycotté par des dirigeants de l'opposition.