Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, souhaite la mise en œuvre rapide des décisions prises lors du sommet extraordinaire de la zone euro, mi-juillet. Depuis mardi, des tensions réapparaissent sur les marchés financiers.
AFP - Confrontée à un regain d'inquiétudes sur l'Espagne et l'Italie, la zone euro est pressée de mettre en place rapidement les décisions prises lors de son sommet extraordinaire tenu mi-juillet pour empêcher la contagion de la crise de la dette.
Jugeant "injustifiées" les tensions observées depuis mardi sur les marchés financiers, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a appelé à la mise en oeuvre rapide des décisions prises le 21 juillet dans une lettre adressée aux dirigeants des 17 pays de la zone euro.
"Il est essentiel (...) d'envoyer un signal sans ambiguïté montrant que la zone euro va résoudre la crise de la dette souveraine avec les moyens adaptés à la gravité de la situation", a-t-il insisté dans un bref communiqué.
Le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy a délivré le même message lors d'un entretien avec le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero.
Tous deux ont convenu que les mesures prévues dans le nouveau plan de sauvetage de la Grèce devaient être appliquées "au plus tôt".
Car, en cette période estivale, rien ne semble prêt pour empêcher une contagion de la crise de la dette à un nouveau pays de la zone euro.
La Commission européenne exclut toute discussion sur un plan de sauvetage pour l'Italie ou l'Espagne et les outils définis lors du sommet de la zone euro du 21 juillet ne sont pas encore mis en place.
Mesure-clé du sommet de la zone euro, le rachat de dette sur le marché secondaire (où sont échangés les titres déjà en circulation) par le Fonds européen de stabilité financière doit encore être approuvé par les Parlements nationaux, et des réticences sont appréhendées dans certains pays.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble avait averti il y a une semaine qu'il refusait de "signer un chèque en blanc" pour le rachat d'obligations d'Etat par le FESF, alimentant la nervosité des marchés.
A l'heure actuelle, seule la Banque centrale européenne (BCE) peut intervenir sur les marchés de cette façon, mais elle n'en fait rien.
Pour Nuria Alvarez, analyste pour la maison de courtage espagnole Renta 4, "la BCE devrait être en train d'acheter de la dette (des pays périphériques) et elle n'achète rien depuis mars, c'est incompréhensible".
"Il faudra voir demain quel est son discours sur le thème de la dette souveraine, ce sera un jour important", a-t-elle poursuivi. L'institut monétaire tient sa réunion mensuelle jeudi à Francfort.
Les craintes suscitées par la dette américaine ont en début de semaine rallumé les tensions qui pesaient sur les pays les plus fragiles de la zone euro, et les plus lourdement endettés, comme l'Italie.
La prime de risque que Rome et Madrid doivent payer par rapport à l'Allemagne pour se financer sur les marchés a atteint des niveaux record, signe de la défiance des investisseurs. Ce qui a contraint les responsables politiques à réagir.
Le ministre italien des Finances, Giulio Tremonti, s'est rendu dans la matinée à Luxembourg pour rencontrer le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, avant une intervention dans la soirée du chef du gouvernement Silvio Berlusconi.
Décidée dans l'urgence, cette rencontre avait des allures de réunion de crise. Mais à la sortie, le chef de file de la zone euro s'est contenté d'inviter à une "réflexion dans le calme".
"C'est typique de l'incapacité des dirigeants de la zone de euro à parler d'une même voix", a déploré un diplomate européen.