Près de 1,5 million de fidèles sont attendus du 16 au 21 août à Madrid pour les Journées mondiales de la jeunesse. Soumis à un drastique plan de rigueur, les Espagnols s'émeuvent du coût que représente ce grand rendez-vous catholique. À tort ?
Alors que l’Espagne lutte pour se sortir du marasme économique et que les "Indignés" intensifient leur mouvement de protestation contre la crise et le chômage, le pays s’apprête à accueillir, pour la deuxième fois de son histoire, les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), du 16 au 21 août prochain.
Créé en 1986 à l’initiative du pape Jean-Paul II, l’événement est organisé tous les deux ou trois ans. Après Sydney, en 2008, c'est à Madrid que se tiendra ce que le Vatican présente comme un "temps d’échange et de rencontre" entre jeunes catholiques du monde entier autour du souverain pontife.
Après Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le nord-ouest de l'Espagne, en 1989, les paroisses de Madrid et de ses environs accueilleront des groupes de jeunes croyants venus des quatre coins de la planète. Nombre d’activités et d’animations (concerts, conférences, etc.) seront organisées pendant toute la durée du rassemblement, jusqu’aux temps forts des samedi 20 et dimanche 21 août où près de 1,5 million de jeunes sont attendus pour une veillée de prière avec le pape, suivie d’une messe le lendemain matin.
Reste qu’un évènement de cette ampleur nécessite une certaine organisation, dont le coût est prudemment estimé, cette année, à 50 millions d’euros par ses organisateurs qui évoquent un budget 20 % moins élevé que celui de l’édition précédente. Une somme qui a suscité quelques remous dans l’opinion espagnole qui a cru, à un moment donné, qu’elle allait devoir l’assumer en tout ou partie. Quelque 120 curés madrilènes ont ainsi dénoncé, dans une publication intitulée "Los Mecenas de Rouco" ("Les Mécènes de Rouco"), les dépenses auxquelles les JMJ vont donner lieu.
De nombreux fonctionnaires ont également fait part de leur mécontentement d’être réquisitionnés pour assurer le fonctionnement des 275 lycées et gymnases où logeront les pèlerins. Une cinquantaine d’associations, laïques comme catholiques, ont enfin signé un manifeste intitulé "De mis impuestos, al papa cero" ("De mes impôts, rien pour le pape"), mettant en garde contre tout recours à l’impôt pour financer l’événement.
Avantages fiscaux pour les entreprises partenaires
Face à la polémique naissante, les organisateurs des JMJ ont tenu à clarifier immédiatement le mode de financement du rassemblement. Insistant sur le fait qu’il ne coûterait rien au contribuable espagnol, ils expliquent que ces journées sont financées à hauteur de 70 % par les participants et à 30 % par des donations d’entreprises ou de particuliers.
Afin d’encourager le soutien financier de la manifestation, le gouvernement espagnol a toutefois classé les JMJ "évènement d’intérêt public exceptionnel", ce qui implique, en retour, un droit à des avantages fiscaux pour les entreprises partenaires.
Un manque à gagner estimé à 18 millions d’euros qui, selon l’organisation des JMJ, sera cependant comblé par les bénéfices qu’engendrera l’évènement pour l’État espagnol. Madrid devrait en effet percevoir près de 25 millions d’euros supplémentaires grâce à la TVA.
En outre, 90 % des contrats relatifs à l’organisation de l’événement ont été attribués à des sociétés nationales. Enfin, et contrairement aux années précédentes, l’organisation a fait appel à 1 600 restaurateurs locaux pour préparer la nourriture servie aux jeunes.
Directeur financier des JMJ, Fernando Giménez Barriocanal évalue ainsi à 100 millions d’euros les retombées que devraient générer la grand-messe des jeunes catholiques sur l’économie espagnole.