Après l'adoption de l'accord sur le relèvement du plafond de la dette par La Chambre des représentants, les sénateurs doivent voter à leur tour ce mardi. Les États-Unis demeurent inquiets à l'idée d'une possible dégradation de leur triple A.
Suivez en direct sur FRANCE 24, après le vote du Sénat, le discours de Barack Obama prévu à partir de 18h15 (heure de Paris)
REUTERS - L'accord sur le relèvement du plafond de la dette américaine a été adopté lundi soir par la Chambre des représentants par 269 voix contre 161 et va à présent être examiné par le Sénat.
Le compromis négocié in extremis par les républicains et les démocrates et annoncé dimanche soir par le président Barack Obama prévoit de réduire le déficit américain de 2.400 milliards de dollars en 10 ans et doit permettre à la première économie
mondiale d'éviter de se retrouver en défaut de paiement.
Le Sénat devrait voter à son tour dans la journée de mardi, le jour où le Trésor américain a prévenu qu'il ne serait plus en mesure de régler les factures à moins d'un accord.
Harry Reid, chef de file de la majorité démocrate au Sénat, a annoncé que le vote aurait lieu à midi (16h00 GMT). Le texte devra obtenir les voix d'au moins 60 des 100 sénateurs, a-t-il ajouté.
Si les sénateurs imitent les représentants, le plafond de la dette américaine, actuellement fixé à 14.300 milliards de dollars, sera relevé et les Etats-Unis échapperont à une
situation de défaut de paiement, qui aurait eu des répercussions sur toute le système économique mondial.
Dans les heures précédant le vote à la Chambre, l'incertitude planait encore sur l'attitude de la base parlementaire, tant à droite qu'à gauche.
Dans les rangs du Parti républicain, majoritaire à la Chambre des représentants, les élus proches du Tea Party avaient soulevé des objections sur le compromis négocié au cours du week-end à Washington.
Dans les rangs du Parti démocrate, l'aile gauche déplorait que le texte ne prévoie pas immédiatement de hausses d'impôts pour les foyers les plus fortunés et les grandes entreprises.
"Nous sommes très inquiets que le texte procède à toutes ces coupes mais n'inclue aucune contribution des gens les plus riches de notre pays, aucun revenu. C'est déconcertant", déclarait Nancy Pelosi, chef de la minorité démocrate de la Chambre, avant de se rallier finalement au compromis.
Lundi soir, 174 républicains ont voté en faveur de l'accord, contre 66 qui s'y sont opposés. Le groupe démocrate s'est divisé, 95 élus votant pour, 95 élus votant contre.
L'image écornée de la classe politique
Avec le vote des représentants, un premier obstacle a donc été franchi. Mais l'inquiétude demeure sur une possible dégradation de la note souveraine des Etats-Unis, ce triple A
qui leur permet de se financer à des taux avantageux.
Si la première puissance économique mondiale perdait cette "signature", les coûts du crédit augmenteraient aux Etats-Unis et menaceraient la fragile reprise économique, avec des conséquences sur l'économie mondiale.
Le compromis prévoit des réductions drastiques de la dépense publique sur dix ans mais ne touche pas à la fiscalité. Il crée égalemement une commission parlementaire bipartisane chargée de définir d'ici fin novembre un nouveau plan de réduction du
déficit fédéral.
Le Bureau du budget du Congrès (CBO), non partisan, a confirmé que le compromis réduirait le déficit d'au moins 2.100 milliards sur dix ans.
Sur un plan politique, difficile de dire qui sort vainqueur de ce long et tortueux processus.
Barack Obama, qui briguera en novembre 2012 un second mandat, a accepté des baisses de la dépense publique d'une ampleur supérieure à ce qu'il souhaitait et devra convaincre son électorat le plus à gauche qu'il n'avait pas d'autre choix.
Le président démocrate pourrait cependant engranger des points auprès des modérés et des électeurs "indépendants".
"Ce processus a été long et désordonné et, comme c'est le cas pour tout compromis, l'issue est loin d'être satisfaisante", a-t-il commenté dans un message vidéo diffusé par son équipe de campagne. "Mais il a aussi lancé un débat important sur notre manière d'aborder les grands défis qui nous attendent."
A droite, John Boehner, le président de la Chambre des représentants, a obtenu les coupes budgétaires qu'il réclamait et évité une augmentation immédiate d'impôts. Mais il pourrait sortir de cette crise avec une image écornée, celle d'un dirigeant sous la trop nette influence du Tea Party, le mouvement conservateur qui s'est développé ces dernières années aux franges du Parti républicain.
"Le processus fonctionne. Il n'est peut-être pas beau, mais il fonctionne", a dit Boehner après le vote.
Enfin, la classe politique américaine dans son ensemble pourrait souffrir de ces semaines de tractations, que l'opinion publique a pu interpréter comme des manoeuvres politiciennes à un moment où elle attend de Washington des remèdes efficaces
pour relancer la croissance et réduire le chômage, qui se maintient à plus de 9% de la population active.
"Le véritable perdant de cet exercice, c'est Washington", commente Scott Reed, spécialiste républicain des élections.