
Le général Abdel Fatah Younes, ex-numéro deux du régime de Kadhafi qui s'était rallié aux rebelles libyens, aurait été tué par un groupe d'hommes armés. Il occupait des fonctions militaires importantes au sein de l'insurrection.
Le général Abdel Fatah Younès, chef militaire des rebelles libyens est mort. Selon le Conseil national de transition (CNT), il aurait été tué par un groupe d'hommes armés. "Avec grandes tristesse et douleur, nous annonçons la mort du général Abdel Fatah Younès, chef d'état-major des forces de l'armée nationale (de la rébellion,) et de ses compagnons, le colonel Mohamed Khamis et le commandant Nasser Madhour", a déclaré le président du CNT Moustafa Abdeljalil, jeudi soir, au cours d’une conférence de presse où il a décrété trois jours de deuil.
Un dernier hommage a été rendu au défunt, ce vendredi, sur la place principale de Benghazi, où le cercueil du haut gradé a été exposé. Son neveu Abdoul Hakim a confié à l’agence Reuters : "Son corps calciné nous a été remis jeudi soir, il a été tué par balles", a-t-il précisé.
Circonstances confuses
Le corps d’Abdel Fatah Younès, de même que ceux de ses compagnons n’ont pas été retrouvés. Le lieu où les trois hommes ont été tués demeure également une donnée inconnue pour le moment.
Les circonstances de la mort du général Younès restent donc très confuses. "Nous allons multiplier les recherches, traquer les criminels et trouver le corps de notre martyr. Ceci est le dernier avertissement aux groupes armés qui circulent dans nos villes", a toutefois averti Moustafa Abdeljalil.
Ex-bras droit de Kadhafi
Membre du groupe qui porta Mouammar Kadhafi au pouvoir par un coup d’État en 1969, Abdel Fatah Younès était, jusqu’en février dernier, le bras droit du guide libyen. Ex-ministre de l'Intérieur, puis chef des commandos du colonel Kadhafi, cet homme, né en 1944 à l’est de la Libye, change de camp dès le début du soulèvement populaire à la mi-février et rejoint la rébellion. Il est alors rapidement nommé chef d'état-major des troupes rebelles. Tripoli ne digère pas cette "trahison". Sa tête est alors mise à prix pour deux millions et demi de dollars.
Alors que les Kadhafistes le considéraient comme un traître, certains rebelles sont restés méfiants à son égard, en raison de sa longue relation avec Kadhafi. L’agence de presse britannique Reuters affirme que le général "était soupçonné d'avoir mené des discussions secrètes avec le gouvernement de Mouammar Kadhafi".
Règlement de compte orchestré par l'opposition ou vengeance de Tripoli ? Sa mort "est révélatrice de schismes qui apparaissent ces derniers mois au sein du CNT ", estime Geoff Porter, du cabinet de consultants North Africa Risk, interrogé par l’agence Reuters. De son côté, un haut responsable de la rébellion a confié à l’AFP sous couvert d'anonymat, que "l'intervention de Kadhafi est très claire dans cette affaire".
Seul le chef d’un groupe tenu pour responsable de son assassinat a été arrêté, mais le CNT n'a pas révélé son identité. Selon les rebelles, leur général avait été rappelé jeudi matin de la ligne de front de Brega par une commission d'enquête pour discuter, à Benghazi, de sujets "concernant les affaires militaires". Mais il n'est jamais arrivé à destination.