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Les républicains à la Chambre des représentants ont mis un terme aux discussions portant sur la réduction du déficit budgétaire américain. Les deux camps ont 11 jours pour éviter aux États-Unis un défaut sur leur dette.

AFP - La menace d'un défaut de paiement américain s'est brusquement aggravée vendredi soir quand les républicains de la Chambre ont claqué la porte des négociations avec Barack Obama, qui a immédiatement convoqué une réunion d'urgence samedi.

Dans une lettre à ses collègues diffusée vendredi à 18H00 (22H00 GMT), le président de la Chambre des représentants, John Boehner, a annoncé qu'il mettait fin à ses discussions avec M. Obama, faute d'avoir pu trouver un terrain d'entente avec lui en raison de "visions différentes pour notre pays".

Au cours d'une conférence de presse convoquée à la hâte, M. Obama a confirmé ce nouveau développement dans le feuilleton de plusieurs semaines entre la Maison Blanche et le Congrès.

Les traits crispés par une colère froide, il a annoncé qu'il convoquait les responsables du Congrès samedi matin à la présidence pour une énième séance de négociations à 11H00 (15H00 GMT). "Il va falloir qu'ils m'expliquent la façon dont nous allons éviter un défaut", a-t-il lâché.

Malgré l'aggravation brutale de la situation, le président a répété qu'il restait "confiant dans le fait que nous aurons un relèvement du plafond de la dette" avant la date butoir du 2 août évoquée par le Trésor.

Déterminé à éviter un défaut de paiement, M. Obama a assuré qu'il était prêt à prendre seul la responsabilité politique de relever le plafond de la dette.

Mais il a aussi exigé que ce relèvement soit suffisant pour ne pas avoir à être renouvelé avant 2013, c'est à dire après la présidentielle de novembre 2012 à laquelle il est candidat.

"Je ne pense pas que cela soit assez. Je pense que nous devrions faire plus", a-t-il toutefois regretté, faisant allusion à une réduction de la dette.

Un haut responsable de la Maison Blanche s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a ensuite souligné le danger que la dette fédérale faisait courir aux Etats-Unis.

"Il existe une perspective très réelle de voir la note (de la dette) des Etats-Unis abaissée (par les agences de notation), non pas à cause de l'échec d'un relèvement du plafond de la dette, mais parce que nous échouerions à prendre des mesures sérieuses pour contrôler notre déficit", a-t-il prévenu.

En outre, M. Obama a averti le Congrès que "Wall Street allait ouvrir lundi et que nous ferions mieux de trouver des réponses dans les prochains jours". "Les Américains sont excédés" par l'incapacité du Congrès à agir, a-t-il lancé.

Le président a assuré que le marché qu'il avait proposé aux républicains était "extraordinairement juste". Il a insisté sur la nécessité d'augmenter les recettes fiscales, alors que ses adversaires républicains ne voulaient entendre parler que de coupes.

"Le président est catégorique sur la nécessité d'augmenter les impôts. En tant qu'ancien patron d'une PME, je sais que les augmentations d'impôts détruisent les emplois", a écrit pour sa part M. Boehner dans sa lettre.

Mais le chef républicain n'a pas fermé la porte à toute négociation. Il a assuré qu'après avoir mis fin aux pourparlers avec le président, il allait entamer "des discussions avec les leaders du Sénat en vue de trouver une solution".

Il s'est, lui aussi, dit "convaincu" que les Etats-Unis ne se retrouveraient pas en défaut de paiement de leur dette dans 11 jours.

M. Boehner a ensuite déploré que le président Obama ait "insisté sur des augmentations d'impôts". Pour lui, un accord était conclu sur la question des recettes. Mais "le président a demandé 400 milliards supplémentaires" en augmentations fiscales, a-t-il dit.

Avant ces développements vendredi, le secrétaire au Trésor Tim Geithner et le président de la banque centrale des Etats-Unis (Fed) Ben Bernanke se sont rencontrés "pour discuter des implications pour l'économie américaine si le Congrès n'agit pas", selon le ministère.

Les responsables s'étaient toutefois dit "convaincus que le Congrès relèvera le plafond de la dette bientôt".

La présidente brésilienne Dilma Rousseff a quant à elle considéré vendredi qu'il était "absurde" de penser que les Etats-Unis puissent se retrouver en défaut de paiement, tout en se disant attentive et prête à prendre des "mesures drastiques" si nécessaire.