Huit banques de la zone euro ont échoué aux tests imposés à 91 banques européennes pour éprouver leur résistance aux chocs économiques. Cinq établissements espagnols, deux grecs et un autrichien ont été recalés.
AFP - Huit banques européennes ont échoué aux tests de résistance imposés à 91 banques du continent pour éprouver leur solidité en cas de choc économique, a annoncé vendredi à Londres l'autorité chargée de ces tests, dont les résultats ont été publiés en pleine crise de la zone euro.
Une neuvième banque, l'établissement régional allemand Helaba, a refusé pour sa part que ses résultats soient pris en compte après avoir contesté in extremis la méthodologie de l'exercice.
Au total, cinq banques espagnoles, deux banques grecques et une banque autrichienne ont échoué. Elles ont besoin à elles seules d'au moins 2,5 milliards d'euros pour renforcer leur capital, a estimé l'Autorité bancaire européenne (EBA), dont le siège est à Londres.
En outre, 16 banques n'ont réussi l'examen que de justesse, avec un ratio de fonds propres "durs" --le capital le plus sûr et facilement disponible-- compris entre 5% et 6%. Le seuil était fixé par l'EBA à 5%, y compris en cas de choc économique sévère, et les banques "tangentes" devraient également annoncer des mesures de redressement.
Les banques testées, dans 21 pays, représentent 65% des actifs bancaires européens. L'objectif était de savoir si elles sont a priori capables de traverser une récession de deux ans.
Les milieux financiers tablaient sur 10 à 15 échecs, notamment du côté des banques espagnoles, allemandes et grecques.
Le pays le plus représenté dans la liste passée au crible était de loin l'Espagne avec 25 établissements, devant l'Allemagne (13) et la Grèce (6).
Conscients que le verdict de l'EBA pouvait jeter de l'huile sur le feu dans le contexte explosif de la crise de la dette, les ministres européens des Finances se sont publiquement engagés cette semaine à soutenir les banques qui échoueraient. Mais cela implique que des Etats déjà au bord de l'asphyxie budgétaire trouvent de nouveaux fonds publics.
Un an après de précédents "stress tests" raillés pour ne pas avoir détecté le naufrage imminent des banques irlandaises, l'Union européenne sait que sa crédibilité est en jeu et l'EBA a assuré que l'examen avait été cette fois-ci beaucoup plus "sévère".
"Le fait que seulement huit banques ont échoué cette année ne devrait guère inspirer confiance", a affirmé dans une première réaction une analyste de Forex.Com, Kathleen Brooks.
Les résultats avaient été contestés avant même leur publication.
La banque Helaba avait annoncé dès mercredi qu'elle avait raté l'examen, tout en faisant part de son "incompréhension" sur la manière d'évaluer ses fonds propres.
A l'occasion de ces tests, les banques ont dû détailler, pour la première fois, leur exposition au risque dit "souverain", c'est-à-dire les montants de dette publique de pays en difficulté qu'elles ont accumulés. Une information d'importance majeure pour les investisseurs.
Un défaut de paiement de la Grèce n'a toutefois pas été formellement pris en compte par l'EBA, ce que certains experts ont vivement déploré.
Pour ces tests, l'EBA avait élaboré deux scénarios: l'un dit de base, reprenant les principales prévisions macroéconomiques en vigueur; et l'autre dit "adverse", retenant des hypothèses théoriques de choc économique en 2011 et 2012.
Le scénario de crise prévoit par exemple une baisse de 0,5% cette année du Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro, une chute de 15% des Bourses européennes et un plongeon des marchés immobiliers.
En 2010, 91 banques européennes, pour la plupart les mêmes que cette année, avaient subi les tests et seulement sept avaient échoué: cinq espagnoles, une allemande et une grecque.