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Les humanitaires sur le qui-vive dans la Corne de l'Afrique

Frappés par la pire sécheresse jamais enregistrée en 60 ans, les pays de la Corne de l'Afrique font face à un exode massif de leur population. Les organisations internationales et humanitaires multiplient les appels à l'aide.

Le 12 juillet, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a convoqué une réunion d’urgence et lancé un appel aux dons pour venir en aide aux régions de la Corne de l’Afrique touchées par la sécheresse, la pire jamais enregistrée en 60 ans. Selon le numéro un de l'ONU, "plus de 11 millions de personnes ont besoin d’une assistance urgente pour rester en vie". Ils seraient 3,2 millions au Kenya, 2,6 millions en Somalie, 3,2 millions en Éthiopie et 117 000 à Djibouti, selon l’ONU. Plusieurs zones en Ouganda, en Érythrée et au Soudan sont également concernées.

Confrontée depuis deux ans à un déficit de pluie qui a affecté les récoltes et entraîné une flambée des prix des céréales, la corne de l’Afrique se trouve aujourd'hui dans une situation que d’aucuns jugent "extrêmement préoccupante". L’accès à la nourriture est devenu très difficile, notamment pour les bergers dont le bétail souffre également durement.

Appels aux dons

Ban Ki-moon a rappelé que les agences de l’ONU n’avaient, pour l’heure, reçu que la moitié du 1,6 milliard de dollars nécessaires aux programmes d’assistance dans la région. Depuis octobre 2010, le gouvernement américain a versé 368 millions de dollars d’aide d’urgence dans la Corne de l’Afrique. L’Éthiopie a annoncé, le 11 juillet, avoir un besoin immédiat de 398 millions de dollars d’aide alimentaire pour faire face à la sécheresse mais aussi à l’afflux de réfugiés venus de Somalie. À ce jour, le pays n’a reçu que 234,4 millions de dollars (77 %).

L’Unicef aussi a tiré la sonnette d’alarme. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance estime à deux millions le nombre d’enfants souffrant de malnutrition sur l’ensemble de la région. Parmi eux, un demi-million "sont en danger de mort à l’heure actuelle", a déclaré Marixie Mercado, porte-parole de l’Unicef, soit "une progression de 50 % par rapport aux chiffres de 2009". Pour faire face à cette crise, l’Unicef a lancé un appel de fonds de 22,2 millions d’euros.

L’Union africaine (UA) a également appelé ses États membres à venir en aide aux populations de la Corne de l’Afrique. Dans un communiqué émis du siège de l’organisation à Addis-Abeba, en Éthiopie, Jean Ping, le président de la Commission, a sollicité la collaboration de tous les membres de l’UA.

Double peine pour la Somalie

Des dizaines de milliers de personnes fuient leur région ou leur pays, à la recherche d’eau et nourriture. Les populations somaliennes, doublement frappées par la guerre civile qui perdure et par la sécheresse, rallient la capitale Mogadiscio, ou migrent vers l’Ouest.

D’après l’ONU, depuis le début de l’année, 135 000 Somaliens ont fui leur pays, dont 54 000 pour le seul mois de juin. Dans un communiqué conjoint publié le 8 juillet, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) évaluent à 517 000 le nombre de réfugiés somaliens ayant trouvé refuge dans des camps au Kenya et en Éthiopie, "un niveau sans précédent". Aujourd’hui, "un quart des 7,5 millions de Somaliens est soit déplacé, soit s’est réfugié à l’extérieur du pays", explique Melissa Flemming, porte-parole de la FAO.

Le plus grand camp de réfugiés du monde…

Un grand nombre de ces réfugiés tente de s’installer dans le plus grand camp au monde, celui de Dadaab, dans l’est du Kenya. Durant ces 20 dernières années, sa population a continuellement augmenté en raison de la sécheresse et des violences. Au total, 380 000 réfugiés, pour la quasi-totalité d’entre eux Somaliens, vivent dans des installations prévues pour seulement 90 000 personnes.

"Il y a trois mois, 200 à 300 personnes arrivaient quotidiennement à Dadaab. Ces derniers jours, ils sont environ 1 600 et le flux n’est pas près de se tarir", explique à FRANCE 24 Alexandra Lopoukine, de l’organisation Care. Quelque 80 % des nouveaux arrivants sont des femmes et des enfants. Ils arrivent dans un état grave de malnutrition et épuisés par un voyage de plusieurs jours, voire plusieurs semaines. "Certains enfants sont tellement faibles qu’ils n’arrivent pas à supporter le poids de leur tête", explique la responsable humanitaire.

L’état sanitaire à l’intérieur du camp de Dadaab est pour l’instant "satisfaisant", selon Alexandra Lopoukine, bien qu’il y ait encore des besoins en eau et en latrines. Mais ce qui préoccupe davantage les humanitaires, c’est le sort de ceux qui essaient d'atteindre les camps. Et "leur nombre ne cesse d’augmenter", s’inquiète l’humanitaire.

La situation pourrait d’ailleurs encore s’aggraver. Les premières estimations faites après la saison des pluies, d’avril à juin, laissent penser que les récoltes en Somalie seront mauvaises dans les régions fournissant plus de 70 % des ressources en céréales du sud du pays.

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