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Fitch accentue la pression sur l'UE en dégradant la note de la Grèce

L'agence de notation Fitch a dégradé mercredi la note de la Grèce de trois crans à CCC, contre B+ auparavant, accentuant la pression sur l'Union européenne pour qu'elle mette en place un nouveau plan d'aide.

AFP - L'agence de notation Fitch a rappelé mercredi aux Européens qu'il était urgent de concevoir un nouveau plan d'aide à la Grèce qui couvre ses besoins financiers jusqu'en 2014, en dégradant brutalement la note du pays qui se rapproche dangereusement de la catégorie des émetteurs insolvables.

Tandis que les divergences au sein de la zone euro sur la réponse à la crise de la dette se sont encore accentuées mercredi, avec une valse-hésitation autour d'un sommet au plus haut niveau, Fitch a dégradé de trois crans la note souveraine de la Grèce, à CCC, contre B+ auparavant.

Après avoir déjà perdu trois crans en mai, la note de la Grèce va de Charybde en Scylla, et n'est plus qu'à trois crans de la note "DDD", réservée aux émetteurs de dette qui sont insolvables.

Fitch le dit sans détour: la note CCC sanctionne le fait que "le défaut (de paiement, ndlr) est une possibilité réelle".
              

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Le poids des agences de notation
Fitch accentue la pression sur l'UE en dégradant la note de la Grèce

La Grèce est déjà considérée au bord de l'insolvabilité par une autre agence de notation, Standard & Poor's, qui la classe à un cran de la faillite.

Comme en mai, Athènes a critiqué vivement la décision de Fitch, la jugeant "incompréhensible" de son point de vue.

Mais l'agence critique moins la Grèce, dont elle salue même la "détermination" à mettre en oeuvre le plan de l'UE et du FMI, que les atermoiements de la zone euro.

A l'appui de sa décision, elle évoque ainsi "l'absence d'un plan d'aide crédible et dûment financé" de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI), qui peinent à finaliser un deuxième programme de prêts pour mettre le pays à l'abri jusqu'à mi-2014, après le premier programme de mai 2010 qui s'élevait à 110 milliards d'euros.

Or, le temps presse. La Grèce a besoin d'argent "pour éviter de se retrouver en faillite en 2012", écrit Fitch. Cette urgence aurait justifié à elle seule que l'UE et les créanciers privés mettent au point un deuxième plan au début du mois de juillet, estime l'agence.

Elle précise toutefois qu'une "implication du secteur privé" pourrait justifier une nouvelle dégradation de leur point de vue.

Las! La zone euro ne semblait même pas en mesure de s'accorder sur la tenue ou non d'un sommet extraordinaire vendredi pour stopper la contagion, ce qui fait dire à un observateur européen, Jean-Dominique Guiliani, que "l'Europe danse au bord du gouffre".

Pour l'agence de notation, non seulement une aide aurait dû déjà être décidée mais toute nouvelle aide, si elle veut vraiment parvenir à remettre la Grèce sur la voie de l'équilibre budgétaire, "doit s'étendre au-delà du programme actuel, qui s'achève à la mi-2013".

Autrement dit, Fitch invite la zone euro à mettre en place un plan ambitieux ("crédible" dans son langage), plutôt que des rustines qu'il faudra remplacer dans quelques mois.

Le FMI semble lui aussi penser que la Grèce ne pourra pas retourner sur les marchés avant le second semestre 2014 et qu'il faudra d'ici là se substituer aux investisseurs pour financer l'Etat grec. Il a chiffré mercredi la contribution des pays européens à 71 milliards d'euros et celle des créanciers privés à 33 milliards.

L'institution de Washington, qui s'est déjà engagée à prêter 30 milliards en avril 2010, n'a pas l'intention pour le moment de contribuer davantage.