Rien ne va plus entre les États-Unis et le Pakistan depuis que Washington a décidé de suspendre partiellement son aide militaire. Islamabad a menacé de retirer ses hommes engagés dans la lutte contre les Taliban à la frontière avec l'Afghanistan.
AFP - Le Pakistan a menacé mardi de retirer ses troupes engagées contre les talibans alliés à Al-Qaïda le long de la frontière afghane, après l'annonce par les Etats-Unis de la suspension d'une partie de leur aide militaire.
Les relations entre les Etats-Unis et le Pakistan, leur allié-clé dans leur "guerre contre le terrorisme"depuis fin 2001, sont au plus bas depuis le raid clandestin d'un commando américain qui a tué Oussama Ben Laden le 2 mai à Abbottabad (nord).
"Je pense que, dans une prochaine étape, le gouvernement ou les forces armées vont retirer les soldats des zones frontalières", dans le nord-ouest, a déclaré le ministre de la Défense Ahmed Mukhtar dans une interview à la télévision privée Express 24/7.
Washington a décidé de geler le versement de 800 millions de dollars d'aide militaire à Islamabad en représailles à de récentes mesures pakistanaises limitant l'activité militaire américaine dans le pays.
Mais les relations s'étaient envenimées déjà depuis plusieurs mois, les plus hauts responsables américains estimant publiquement que le Pakistan ne produisait pas assez d'efforts pour lutter contre certains groupes islamistes armés pakistanais alliés à Al-Qaïda, ni contre les talibans afghans qui ont fait des zones tribales frontalières leur base arrière, notamment le réseau Haqqani, bête noire des troupes américaines en Afghanistan.
Des élus du Congrès américain pressaient avec insistance l'administration Obama de suspendre l'aide depuis le raid contre Ben Laden, qui a vécu au moins cinq ans terré dans une villa au coeur d'une ville-garnison.
L'essentiel de l'aide militaire fournie au Pakistan consiste à aider ce pays à mobiliser ses troupes dans les zones tribales frontalières du nord-ouest, que Washington considère comme l'"endroit le plus dangereux du monde", bastion des talibans pakistanais, principal sanctuaire d'Al-Qaïda et base arrière des talibans afghans.
"Si les choses deviennent à ce point compliquées, nous allons tout simplement retirer nos troupes", a insisté le ministre pakistanais.
"Nous ne pouvons nous permettre financièrement de maintenir nos soldats" dans les zones frontalières, a poursuivi M. Mukhtar. "Cela nous coûte de l'argent en plus, quand vous avez des soldats mobilisés dans les zones montagneuses, alors nous allons définitivement en venir là", a-t-il martelé à propos d'un éventuel repli des militaires.
Les Etats-Unis versent chaque année au Pakistan, seule puissance militaire nucléaire du monde musulman mais au bord de la faillite économique, environ 2 milliards de dollars d'aide militaire.
Mais c'est le Pakistan qui, avec l'Afghanistan, paie le plus lourd tribut à la "guerre contre le terrorisme". Quelque 5.000 personnes, des civils pour la grande majorité, ont péri dans tout le pays depuis quatre ans dans près de 500 attentats, perpétrés essentiellement par les talibans et leurs alliés. En 2007, à l'unisson de Ben Laden en personne, ces insurgés avaient décrété le "jihad" à Islamabad pour son soutien à Washington.