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Fraîchement installée dans son fauteuil de nouvelle patronne du FMI, Christine Lagarde va devoir rapidement prendre ses marques par rapport à son prédécesseur. Inlassablement comparée à DSK, la Française est attendue au tournant.
Premier jour d’école pour Christine Lagarde qui prend, ce mardi, les rênes du Fonds monétaire international (FMI). À peine établie, la Française, ancienne ministre de l’Économie et première femme à ce poste, est attendue au tournant. Sur des dossiers aussi épineux que celui de la faillite grecque, bien sûr, - le FMI doit prochainement réunir son conseil d'administration pour débloquer la cinquième tranche de son prêt de 30 milliards d'euros à Athènes - mais aussi sur ses capacités à succéder à Dominique Strauss-Kahn, imposante personnalité qui avait su imprimer sa marque à l’institution.
"Il lui reste tout à prouver"
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"Il faut reconnaître que DSK avait beaucoup de charisme et de bagout. Surtout, il a complètement changé la philosophie du FMI, redoré son blason grâce à une vision plus sociale de l’économie", analyse Sylvie Matelly, spécialiste d’économie internationale à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). Passer derrière l'ancien maire de Sarcelles ressemble donc à une véritable gageure. "Lagarde prend la place d’un patron aussi apprécié qu’admiré avec, en plus, quelques points faibles. Elle n’est pas une sociale-démocrate et sa future gestion des grands dossiers inquiète", ajoute-t-elle.
Une inquiétude que partagent certains médias français. "À Bercy, elle exécutait la politique de l'Élysée, docilement. Au FMI, il lui reste encore tout à prouver", estime le quotidien régional Ouest-France dans son édition de mardi. "Si le grand capitaine [DSK, ndlr] se révèle (…), on ne saurait tarder à jauger les capacités de navigation en haute mer de Christine Lagarde", écrit – non sans ironie - son éditorialiste Paul Burel. À 55 ans, l’ancienne ministre française, - a été "élue en quatrième vitesse" tacle de son côté Henri Gibier du quotidien Les Échos.
Christine Lagarde : un "mystère"
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"Les premiers temps ne seront pas faciles pour elle parce qu’elle n’est pas de formation économiste", explique Sylvie Matelly estimant que parer cette inexpérience sera le premier challenge de Christine Lagarde. "La Française aura fort à faire pour convaincre ses pairs de sa légitimité. Strauss-Kahn avait beaucoup de connexion dans le monde des finances, il fréquentait des économistes réputés, des Keynésiens surtout. Il était très admiré. Christine Lagarde n’a pas de soutien de poids de ce côté-là", explique-t-elle.
Un défaut de connexion que Paul Krugman, prix Nobel d'économie 2008, met en avant dans son blog. Il concède que la nouvelle directrice générale, est "sérieuse, responsable, sensée", mais elle ne reste pas moins un "mystère" à ses yeux. "Sous l'ère Strauss-Kahn, le FMI s'est distingué comme la moins dogmatique et la plus ouverte intellectuellement des grandes institutions internationales. [...] Donc la question est la suivante : le FMI va-t-il devenir plus raisonnable sous l'ère Lagarde ? Pour le bien de l'économie mondiale, espérons que non", affirme cet économiste américain classé à gauche.
Capital sympathie
Christine Lagarde n’est pourtant pas une débutante et bénéficie même d'une vraie stature internationale : quatre ans passés à Bercy - depuis le 19 juin 2007 – lui ont permis de se faire respecter sur la scène internationale. "Elle connaît tous les dirigeants de la planète : c’est un vrai point fort", commente la spécialiste de l’IRIS. En 2009, l’influent quotidien économique britannique The Financial Times l’élisait d’ailleurs "meilleure ministre des Finances de la zone euro" et le magazine Forbes la classait 17e dans la liste des femmes les plus influentes de la planète.
"Et puis, elle a toujours joui d'un fort capital sympathie aux États-Unis. Elle a travaillé près de dix ans dans le cabinet d’avocats Baker & McKenzie (de 1995 à 2004), dont elle a été l’une des dirigeantes. La Française a donc depuis longtemps de solides contacts outre-Atlantique", explique Sylvie Matelly.
Dans son discours de campagne - qui a toujours été dans le droit fil de la politique de DSK - Christine Lagarde entend donner plus de poids aux pays émergents dans le fonctionnement de l’institution. "C’est l'un des points sur lequel elle sera rapidement jugée. Elle doit marquer son indépendance par rapport aux capitales européennes. Selon ses détracteurs, elle serait beaucoup trop à leurs bottes", analyse Stanislas de Saint Hippolyte, correspondant de FRANCE 24 à Washington. "Il est encore tôt pour se prononcer, mais les dirigeants de la planète qui la pensent en effet un peu trop européocentrée pourraient être agréablement surpris par ses capacités et sa diplomatie…", conclut Sylvie Matelly.