Près d'un demi-million de Syriens ont battu le pavé ce vendredi à Hama, au nord de Damas, la capitale. Quelque 12 manifestants ont été tués par les forces de sécurité lors des rassemblements organisés ce vendredi dans tout le pays.
AFP - Plus d'un demi-million de personnes ont manifesté vendredi à Hama, dans le centre de la Syrie, pour appeler à la liberté, ce qui constitue "la plus grande manifestation" depuis le début du mouvement de contestation dans ce pays, ont affirmé des militants sur place.
Les forces de sécurité ont fait six morts et au moins 12 blessés parmi les centaines de milliers de manifestants qui ont défilé contre le régime dans toute la Syrie, où le "temps presse" pour le pouvoir, a mis en garde la diplomatie américaine.
"Plus de 500.000 personnes" ont manifesté vendredi à Hama, ville située à 210 km au nord de Damas, a assuré le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme Rami Abdel-Rahmane, selon lequel il s'agit de "la plus grande manifestation (contre le régime) depuis le déclenchement de la Révolution en Syrie", le 15 mars.
Un des militants avait indiqué auparavant au téléphone à l'AFP que ces contestataires "venus de tous les quartiers", s'étaient rassemblés sur la place al-Assi", leur lieu de rendez-vous traditionnel.
Les participants à ce rassemblement ont scandé des slogans hostiles au régime et appelant à la liberté, a-t-on pu entendre au téléphone.
A Homs, à 160 km au nord de la capitale syrienne, "plus de 100.000 personnes ont participé aujourd'hui aux manifestations dans plusieurs quartiers", a raconté un militant des droits de l'Homme.
Trois manifestants y ont été tués par les forces de sécurité, a affirmé le chef de l'Organisation nationale des droits de l'Homme, Ammar Qorabi, basé en Egypte.
"Des chars de l'armée ont pénétré dans le quartier de Baba Amr", a déclaré le numéro un de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme Rami Abdel-Rahmane.
Un autre militant a fait état de l'"arrivée de chars de l'armée aux abords du quartier de Bab Sebaa".
Pour sa part, la télévision officielle syrienne a signalé deux blessés dans les rangs des forces de l'ordre à Homs.
Deux manifestants ont également été abattus vendredi à Damas, dans le quartier de Qadam, et un autre à Daraya, près de la capitale, par "les forces de l'ordre", selon Ammar Qorabi.
Une personne a en outre été tuée à Lattaquié, sur la côte, par une grenade lancée d'une voiture, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, des explosions ont été entendues vendredi matin dans le quartier de Raml al-Chamali de cette cité portuaire du Nord-Ouest, a dit un militant, sans pouvoir préciser leur nature.
Dans le même temps, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à la sortie des mosquées à Deir Ezzor (est) ainsi que dans la région de Jabal al-Zawiya (nord-ouest), théâtre d'une offensive de l'armée depuis mardi, a annoncé le président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme Abdel-Karim Rihaoui.
A Salamié, au sud-est de Hama, environ 10.000 personnes ont manifesté, des cartons rouges à la main, pour symboliser leur volonté de voir le président s'en aller, et scandant "dégage! Dégage !" à son intention.
Sur des vidéos postées sur Youtube, on peut voir des centaines de manifestants à Zabadani, à 50 km de Damas, tenant eux aussi des cartons rouges.
Comme toutes les semaines, les militants pour la démocratie avaient appelé sur Facebook à une nouvelle journée de manifestations vendredi baptisée "Dégage !".
Des milliers de personnes se sont en outre rassemblées dans la province d'Idleb (nord-ouest) et dans les régions kurdes du Nord-Est, à Amouda et à Hassaké. A Alep, deuxième ville de Syrie, les forces de l'ordre ont arrêté trois contestataires.
De son côté, la télévision officielle a montré des manifestations en faveur du chef de l'Etat dans les villes d'Alep (nord) et de Soueida (sud). Les personnes présentes agitaient des drapeaux syriens et scandaient : "Dieu, la Syrie, Bachar et c'est tout".
"Un véritable changement politique" s'impose
"Le peuple syrien connaît sa voie; il a une vision claire, il n'acceptera pas moins qu'un véritable changement politique. Il sait que le changement signifie la chute du régime et le régime le sait très bien", a déclaré Yassine Haj Saleh, une figure de proue de l'opposition, aux comités de coordination de la Révolution qui chapeautent les manifestants.
"Malgré la solution sécuritaire choisie par le régime et l'encerclement des villes (...), le régime n'a pas réussi à arrêter les manifestations, ni à amener les insurgés à faire usage de violence. Le message est le suivant : la Révolution syrienne est et demeurera pacifique", a affirmé Mazen Darouiche, un militant des droits de l'Homme.
La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a, quant à elle, dénoncé "l'incohérence" du pouvoir syrien, qui a autorisé une réunion d'opposants, lundi à Damas, avant de procéder à de nouvelles répressions.
"Il est parfaitement évident que le temps presse pour le gouvernement syrien", a-t-elle souligné, donnant le choix au régime entre "un processus politique sérieux" et "une résistance de plus en plus organisée."