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Ghesquière et Taponier assurent ne pas avoir pris de "risques inconsidérés"

Arrivés ce matin en France, les journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier ont raconté leurs conditions de détention dans les montagnes afghanes. Ils sont également revenus sur la polémique autour des conditions de leur enlèvement.

Visiblement très émus, les deux journalistes français, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, ont pris la parole une deuxième fois ce jeudi. Ils se sont exprimés en début d'après-midi depuis le grand hall de France Télévisions au milieu de milliers de collègues, tous réunis pour fêter leur retour.

Hervé Ghesquière est revenu sur la polémique qui a entouré les conditions de leur enlèvement, il y a 18 mois, dans la vallée de la Kapisa en Afghanistan. "J'ai entendu, sur des chaînes de télévision, des analystes et d'anciens reporters de terrain dire : 'l'armée française les avait bien prévenus, ils allaient au devant de graves problèmes, de graves périls.' C'est absolument faux. Personne ne nous a rien dit. Que cela soit clair", a-t-il affirmé.

Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Élysée, avait en effet dénoncé quelques jours après l'enlèvement des deux journalistes l'"imprudence vraiment coupable" dont ils auraient fait preuve. Les reporters "avaient été très clairement mis en garde", avait-il assuré, déplorant qu’ils fassent "courir des risques à beaucoup de nos forces armées".

Une analyse clairement démentie par Hervé Ghesquière."On n'est pas allé à l'aventurette pour risquer nos vies. Non ! [...] On n'a pas pris des risques inconsidérés".

"Il faut continuer à aller en Afghanistan"

"Je crois qu'il faut continuer à aller en Irak, je crois qu'il faut continuer à aller en Afghanistan, a-t-il ajouté. Ne pas toujours être dans le même lit que l'armée. Il faut que l'on ait aussi un autre point de vue. Cet autre point de vue, c'est aller là où on est allé, et où plein d'autres journalistes vont. Oui, il y a une petite prise de risque supplémentaire."

Arrivés peu avant 9 heures (heure de Paris) à l'aéroport militaire de Villacoublay, en région parisienne, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier ont raconté les conditions dans lesquelles ils ont été détenus. Outre leur famille, de nombreux journalistes, des collègues de France 3 et des membres de leur comité de soutien étaient venus les accueillir à l'aéroport.

"On représentait quelque chose d’important pour [nos ravisseurs], a expliqué Stéphane Taponier devant cette petite foule. Nous n'avons jamais été menacés ou maltraités, ce sont surtout les conditions de vie qui étaient très difficiles". "Les conditions de vie, c'est être enfermé 23h45 sur 24, deux sorties pour aller aux toilettes à l'aube et le soir, une nourriture pas spéciale otages, mais une nourriture spéciale montagnes afghanes, c'est-à-dire très peu à manger, toujours la même chose", a poursuivi Hervé Ghesquière.

Celui-ci a également évoqué "quelques problèmes de santé mineurs" et de la fatigue, mais précisé qu'ils avaient fait preuve d'un "moral d'acier". Les deux reporters ont été séparés pendant huit mois, du 13 avril au 13 décembre 2010.

À deux reprises, Hervé Ghesquière a rappelé son envie de continuer à exercer sa profession de reporter. "Pour ma part, et pour celle de Stéphane je crois aussi, on continuera à faire notre boulot de journaliste comme d'habitude", a-t-il indiqué.

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"Personne ne nous a rien dit"

"La France ne paie pas de rançons" 

À la descente de l'avion, les deux anciens otages ont été salués par le président Nicolas Sarkozy, son épouse Carla, ainsi que par les ministres des Affaires étrangères Alain Juppé et de la Défense Gérard Longuet. "Je voudrais dire combien nous avons été heureux d'accueillir ce matin nos deux compatriotes, si lâchement et si injustement retenus pendant de très longs mois", a indiqué un peu plus tard le chef de l'État français. 

Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier avaient été enlevés avec leurs accompagnateurs par des Taliban le 30 décembre 2009 à 60 km de Kaboul, dans la vallée de la Kapisa, alors qu’ils tournaient un reportage pour le magazine "Pièces à conviction". Une fois remis aux militaires français, les deux journalistes ont été conduits mercredi en début de soirée en hélicoptère à l'ambassade de France à Kaboul depuis la base militaire de Tagab (dans l'est de l'Afghanistan). Ils sont ensuite montés dans un avion officiel français pour faire route sans escale jusqu'à l'aéroport militaire de Villacoublay. 

Interrogé sur les circonstances de la libération de deux journalistes lors d'une brève déclaration à la presse, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a affirmé que "La France ne paie pas de rançons". Plus tôt dans l'après-midi, l'Elysée avait également nié qu'une rançon ait été versée.

Dans un communiqué publié ce jeudi, les Taliban affirment de leur côté que la libération des deux otages français et de leur accompagnateur afghan a été obtenue en échange de la remise en liberté d'un certain nombre d'insurgés. Les Taliban n'ont pas précisé qui aurait libéré ces combattants, ni où ils étaient détenus.

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La France verse-t-elle des rançons aux ravisseurs ?
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