Une réunion de crise de deux jours s'ouvre ce jeudi à Bruxelles sur les risques de contagion de la dette grecque à l'ensemble de la zone euro. La mise en place d'un filet de sécurité financier de 440 milliards d'euros doit être étudiée.
AFP - Les dirigeants européens se retrouvent à partir de jeudi soir en sommet à Bruxelles sur fond de pression croissante, notamment des Etats-Unis pour qu'ils règlent la crise grecque afin d'éviter l'embrasement de la zone euro et de l'économie mondiale.
La banque centrale américaine a insisté mercredi soir sur "l'importance incroyable de résoudre la situation grecque", qui est "très difficile".
it"S'il y a une incapacité à résoudre cette situation, cela constituerait une menace pour les systèmes financiers européens, le système financier mondial et pour l'unité politique de l'Europe", a estimé son président, Ben Bernanke.
Washington donne à présent ouvertement des conseils aux Européens. Le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, a également dénoncé durement cette semaine la cacophonie européenne, réclamant "une seule voix, une voix claire, sur une stratégie" contre la crise.
Les difficultés et atermoiements depuis un an et demi de la zone euro à surmonter la crise de la dette partie de Grèce, ont relancé le débat sur l'avenir de l'Union monétaire, créée en 1999, mais qui souffre de défauts de conception comme l'absence de politique budgétaire commune.
Beaucoup craignent que, tout comme les Américains avaient précipité la finance mondiale dans la crise en laissant la banque Lehman Brothers faire faillite mi-septembre 2008, les Européens provoquent des turbulences dépassant largement la zone euro s'ils ne peuvent pas empêcher la faillite de la Grèce.
Une conférence téléphonique des ministres des Finances du G7 a eu lieu lundi, en marge d'une réunion de la zone euro à Luxembourg.
Sauf surprise, ceux qui réclament une solution dès le sommet de Bruxelles risquent néanmoins d'en être pour leurs frais.
Les Européens ont a priori repoussé les grandes décisions sur la Grèce au 3 juillet car avant tout nouveau versement d'argent, ils veulent qu'Athènes concrétise par un vote parlementaire ses promesses de nouvelles mesures d'austérité et de privatisations.
Le FMI, qui participe aussi au plan de sauvetage grec, exige la même chose, ainsi que des garanties sur le financement futur de la Grèce.
En clair, l'assurance de nouvelles aides en plus des 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans qu'Athènes s'était vus promettre l'an dernier, et qui ne suffisent plus: les trous à boucher sont chiffrés à une centaine de milliards d'euros d'ici fin 2014.
Selon un diplomate européen de haut rang, les dirigeants de l'UE devraient malgré tout "essayer de donner l'engagement que le FMI souhaite".
Ils discuteront également de la manière d'organiser la participation volontaire des banques et autres créanciers privés à un nouveau plan grec. Dans une série de capitales, notamment à Paris, le gouvernement a déjà organisé mercredi des consultations sur la question avec ces créanciers.
Au-delà du cas grec, le sommet devrait entériner plusieurs mesures censées permettre à la zone euro de mieux se défendre à l'avenir contre des crises de la dette, notamment le renforcement de son filet de secours financier.
La nomination de l'Italien Mario Draghi à la tête de la Banque centrale européenne, en remplacement du Français Jean-Claude Trichet, devrait aussi être validée.
Le Wall Street Journal croit savoir toutefois jeudi qu'un report est possible à la demande de la France, qui veut des assurances qu'elle conservera un représentant au conseil des gouverneurs.
Les Européens doivent aussi parler vendredi de la Libye, au moment où les critiques se multiplient au sein de l'Otan sur la poursuite de l'intervention militaire, de la répression en Syrie, et d'une réforme de l'espace sans passeport Schengen autorisant le rétablissement de certains contrôles aux frontières.