logo

Barack Obama annonce le retrait de 33 000 soldats américains d'ici à l'été 2012

Un tiers des 99 000 soldats américains déployés en Afghanistan vont être rapatriés d'ici à l'été 2012, a annoncé Barack Obama. Quelque 10 000 soldats seront rapatriés avant la fin de l'année, suivis par 23 000 autres l'an prochain.

Le calendrier du retrait français d'Afghanistan

La France engagera "un retrait progressif" de ses renforts envoyés en Afghanistan, "de manière proportionnelle et dans un calendrier comparable au retrait des renforts américains", a annoncé jeudi matin l'Elysée dans un communiqué.

"Ce retrait se fera en concertation avec nos alliés et avec les autorités afghanes", a fait valoir la présidence française.

Quatre mille soldats français sont actuellement déployés en Afghanistan.

Le président américain Barack Obama a annoncé le retrait d’ici à 2012 de 33 000 des 99 000 soldats américains actuellement déployés en Afghanistan. Quelque 10 000 d’entre eux seront rapatriés avant la fin de l’année - 5 000 quitteront le sol afghan dès cet été, 5 000 autres à l'automne -, puis 23 000 autres rentreront dans le courant de l'année 2012. Le retrait devrait se poursuivre jusqu’en 2014.

 "Ce retrait a été rendu possible par les progrès réalisés par nos troupes contre Al-Qaïda", a déclaré Barack Obama lors d’une allocution télévisée dans la nuit de mercredi à jeudi. "C’est le début, mais pas la fin, de nos efforts pour terminer cette guerre, a-t-il ajouté. Nous voyons le bout du tunnel."

Reste que le retrait de près d’un tiers des troupes actuellement présentes en Afghanistan ne fait pas l'unanimité. "La plupart des officiers du Pentagone ne voulaient pas d’un retrait massif pour ne pas risquer de donner un signe de faiblesse aux Taliban", explique Stanislas de Saint-Hippolyte, correspondant de FRANCE 24 à Washington. Robert Gates, secrétaire d’État à la Défense, s’était notamment prononcé en faveur d’un retrait "modeste" afin de ne pas mettre en péril les progrès réalisés face aux Taliban depuis 2009.

Une guerre très impopulaire

Mais à un an de la présidentielle - à laquelle Barack Obama s’est officiellement porté candidat -, la pression de la population et du Congrès a eu raison de l’avis des militaires. La guerre en Afghanistan est de plus en plus impopulaire aux États-Unis. Selon un sondage publié mardi par Pew, 56 % des Américains sont favorables à un retrait "le plus tôt possible", tandis que 39 % d’entre eux souhaitent que les soldats restent "jusqu’à ce que la situation se stabilise".

it
"Il va y avoir un changement de stratégie sur le terrain"
Barack Obama annonce le retrait de 33 000 soldats américains d'ici à l'été 2012

En effet, le coût phénoménal du conflit en Afghanistan passe mal au moment où les États-Unis traversent l’une des pires crises économiques de leur histoire. Estimée à environ 10 milliards de dollars par mois (et quelque 118 milliards de dollars pour la seule année 2011), la guerre grève considérablement le budget national déjà mis à mal par un taux de chômage élevé, un déficit record et une dette nationale en hausse.

Les dépenses pour la guerre en Afghanistan ont bondi depuis l’entrée en fonction d’Obama. En 2009, face à l’enlisement de la situation dans le pays, le président américain avait ordonné l’envoi de 33 000 soldats supplémentaires pour mener une contre-offensive contre les Taliban.

Al-Qaïda affaiblie

"Au Congrès, les démocrates comme les républicains voyaient dans la mort de Ben Laden une fantastique occasion de sortir la tête haute de ce conflit", rapporte Stanislas de Saint-Hyppolite. Le numéro un d’Al-Qaïda a été tué le 2 mai dernier au cours d’un raid américain au Pakistan. Une victoire sur laquelle s’est largement appuyé le président américain dans son discours. "Il s’est attaché à démontrer que les États-Unis se retiraient d’Afghanistan parce qu’ils avaient la situation bien en main", analyse celui-ci.

Selon Barack Obama, des documents saisis au cours du raid ont permis de mettre en lumière "la situation de faiblesse dans laquelle se trouve actuellement Al-Qaïda". "L'organisation s’est montrée incapable de remplacer les chefs terroristes que nous avons éliminés", a-t-il indiqué. Selon un haut responsable américain s’exprimant sous le couvert de l’anonymat juste avant le discours d’Obama, "les États-Unis ont dépassé leurs objectifs en Afghanistan : 20 des 30 dirigeants d’Al-Qaïda ont été tués ces deux dernières années".

it
L'engagement militaire français en Afghanistan
Barack Obama annonce le retrait de 33 000 soldats américains d'ici à l'été 2012

"Elle reste une organisation dangereuse", a cependant prévenu le président américain. "Mais nous avons mis Al-Qaïda sur le chemin de la défaite et nous n’arrêterons pas tant que le travail ne sera pas accompli […]. Notre mission a changé : elle passe aujourd’hui du combat au soutien", a-t-il poursuivi.

"Réconcilier le peuple afghan"

Les États-Unis vont devoir faire face à de nouveaux défis : faire en sorte qu’en l’absence de soldats américains, la région ne redevienne pas une base arrière pour les extrémistes. "Nous devons essayer de conserver les avancées que nous avons faites. Pour cela, nous devons transférer au gouvernement afghan la responsabilité d’assurer la sécurité du pays, a assuré Barack Obama. Nous savons que sans un règlement politique, la paix ne pourra pas s’installer sur une terre qui a connu tant de guerres. Les États-Unis participeront aux initiatives pour réconcilier le peuple afghan en incluant les Taliban."

 Samedi, le président afghan Hamid Karzaï a révélé que des pourparlers entre les Taliban et les États-Unis étaient en cours. "Il s’agit de discussions préliminaires", a confirmé Washington peu après. Pendant son discours, Barack Obama a adressé un message ferme aux Taliban, affirmant que des discussions n’étaient possibles que s’ils "rompaient tout lien avec Al-Qaïda".

Une fermeté que le président américain a également adressée au gouvernement pakistanais, sur qui pèsent de lourds soupçons depuis la découverte de la "cachette" d’Oussama Ben Laden, à quelques kilomètres de la capitale Islamabad. "Nous allons travailler avec le gouvernement pakistanais pour éradiquer le cancer de l'extrémisme violent, tout en insistant sur la nécessité qu'il maintienne ses engagements", a-t-il affirmé.