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Égyptiennes et Libanaises en cyber-lutte contre le harcèlement sexuel

Attouchements, exhibitionnisme, propositions indécentes et sifflements : des militantes égyptiennes et libanaises disent "stop !" Ce lundi, elles ont mené sur Internet une opération coup de poing pour lutter contre le harcèlement sexuel.

Des groupes de militantes associatives et de blogueuses égyptiennes ont lancé ce lundi sur Internet une opération coup de poing visant à lutter contre les sévices sexuelles infligées aux femmes dans leur pays. Baptisée "Journée du 'tweet' et du 'blogging' contre le harcèlement et les violences sexuels", l’opération consiste à encourager les victimes à témoigner et à débattre via les réseaux sociaux Facebook et Twitter.
Attouchements, exhibitionnisme, propositions indécentes et sifflements : le harcèlement sexuel constitue un phénomène de société en pleine expansion en Égypte. Comme un symbole, le blog HarassMap, créé par des militantes égyptiennes, à l'origine de la journée du 20 juin, permet aux victimes de harcèlement sexuel d'indiquer, via SMS, l'endroit de leur agression. Dans une étude publiée en 2008 par le Centre égyptien des droits de la femme, plus de 80 % des Égyptiennes interrogées affirment en avoir été victimes. "Ce problème touche toutes les femmes égyptiennes, parfois quotidiennement, dans les lieux publics comme les marchés, les transports publics et dans la rue. Mais également dans les lieux privés tels que les clubs de sport, les écoles et le lieu de travail", soulignait l’étude.
"Les femmes sont traitées comme des biens publics"
Le débat rencontre un franc succès sur Twitter puisque les témoignages en anglais et en arabe s’accumulent sous le mot-clé (ou "hashtag") #endSH, spécialement dédié à la discussion. "Les officiers de l’armée et de la police égyptienne devraient me protéger des harceleurs dans la rue, et non pas me harceler eux-mêmes", écrit @ghazalairshad. De son côté, @hadearkandil affirme que "la manière de s’habiller ne compte pas. Il y a quelques années, je me faisais harceler alors que je portais le voile. Le phénomène a continué même après avoir décidé de le retirer." Plus loin, @khadigaS affirme "que la pire des choses, à propos du harcèlement sexuel, est que les femmes sont traitées comme des biens publics. [L'homme] humilie et disparaît aussitôt.”
Au terme de cette journée, les témoignages seront compilés et publiés sur une page Facebook dédiée à l’opération. Enfin, des débats seront organisés par les différentes associations pour poursuivre la lutte en vue d’obtenir une loi criminalisant le harcèlement sexuel.
Cette initiative égyptienne a trouvé un écho au Liban, où des associations libanaises se sont mobilisées pour participer à l’évènement du 20 juin. "Nous participons à cette journée de mobilisation, en coopération avec les activistes égyptiennes, car ce phénomène touche également le Liban", explique à France24.com, Farah Kobeissy, coordinatrice de "The Adventures of Salwa", une association libanaise de lutte contre le harcèlement sexuel.
Elle précise cependant que ce militantisme ne s’arrêtera pas à cette journée dédiée aux réseaux sociaux. "Le combat est quotidien sur le terrain. Nous voulons briser le tabou autour de cette question qui empoisonne la vie des femmes. Le premier pas pour résister est d’en parler", conclut-elle.