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La libération de Cesare Battisti constitue un nouveau revers pour Rome

L'ex-militant de l'extrême gauche italienne est sorti libre de prison après que la Cour suprême brésilienne a refusé de l'extrader vers l'Italie. Rome s'insurge contre cette "énième humiliation" infligée aux victimes des "années de plomb".

Cesare Battisti va finalement pouvoir s’installer au Brésil, libre et muni d’un visa de résident permanent. La Cour suprême du pays, par six voix contre trois, a décidé de ne pas extrader l’ancien activiste d’extrême gauche, condamné par contumace en 1993 par la justice italienne à  une peine de prison à perpétuité pour quatre meurtres et complicité de meurtres commis à la fin des années 1970.

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"C'est la fin d'un feuilleton policier et judiciaire"
La libération de Cesare Battisti constitue un nouveau revers pour Rome

Jusqu’au dernier moment, le feuilleton politico-judiciaire qui oppose depuis quatre ans Rome à Brasilia a semé le trouble au sein même des instances brésiliennes. Les six heures de débat entre les neuf juges de la Cour suprême brésilienne ont été, dit-on, pour le moins houleuses.

Mais, au final, "ce qui est en jeu ici, c'est la souveraineté nationale, justifie le juge Luiz Fux. C'est très simple : la Cour, elle-même, a décidé que le président de la République pouvait décider." La plus haute instance juridique du Brésil s’est donc inclinée devant la décision de l’ancien chef de l'État Luiz Inacio Lula da Silva de ne pas extrader Cesare Battisti. Cet arbitrage avait été rendu le dernier jour de son mandat, le 31 décembre 2010.

"La Cour suprême devait juger si la décision de Lula était en accord avec le traité d’extradition entre le Brésil et l’Italie, mais a décidé de ne pas livrer un nouveau bras de fer avec l’exécutif et de valider la décision de Lula", décrypte Pierre-Ludovic Viollat, correspondant de FRANCE 24 à Sao Paolo.

La "vive amertume" de Berlusconi

Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi a exprimé la "vive amertume" de Rome et entend contester l’arrêt de la Cour suprême brésilienne devant la Cour internationale de justice de La Haye. "L'Italie continuera son action et activera les instances judiciaires opportunes pour assurer le respect des accords internationaux qui lient deux pays unis par des liens historiques d'amitié et solidarité", a déclaré le "Cavaliere".

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Réaction de la ministre italienne de la jeunesse : "Une énième humiliation"
La libération de Cesare Battisti constitue un nouveau revers pour Rome

"La ministre italienne de la Jeunesse, Giorgia Meloni, parle d’un 'acte indigne d’une nation démocratique', rapporte Sonia Logre-Grezzi, correspondante de FRANCE 24 à Rome. La décision des juges brésiliens, dit la ministre, est une énième humiliation pour les familles victimes, une claque pour les institutions italiennes."

Depuis l’arrestation en mars 2007 de Cesare Battisti à Copacabana, à Rio de Janeiro, les relations se sont tendues entre le Brésil et l’Italie. Car, alors que Rome réclamait l’extradition du condamné italien, le Brésil lui accordait l’asile politique. "Le président italien, Giorgio Napolitano, avait alors écrit à Lula pour lui demander de revenir sur sa décision. L’ambassadeur italien à Brasilia avait été rappelé pour consultation. Et des hommes politiques italiens avaient appelé à boycotter les produits brésiliens", rappelle Pierre-Ludovic Viollat.

En revanche, note le correspondant de FRANCE 24, "les réactions italiennes ont été un peu moins virulentes face à la décision du président Lula, le 31 décembre. Et même si Rome réagit négativement aujourd’hui, on sent officieusement, des deux côtés, qu’on a envie de sortir de cette affaire qui dure depuis quatre ans et qui pollue les relations entre les deux pays."