Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris après les allégations de pédophilie lancées par Luc Ferry. L'ex-ministre a évoqué le cas d'un "ancien ministre" s'étant "fait poisser à Marrakech" en compagnie de "petits garçons".
REUTERS - Le parquet de Paris a annoncé mercredi avoir ouvert une enquête préliminaire sur les allégations de Luc Ferry, qui a accusé sans le nommer un ancien ministre de pédophilie, provoquant un tollé en France.
La brigade de protection des mineurs devra entendre Luc Ferry, lui-même ancien ministre, et "lui faire préciser ses allégations", a précisé la porte-parole du parquet.
Luc Ferry n'a pas paru ému par les critiques.
"Je suis ravi d'avoir jeté ce pavé dans la mare", a-t-il déclaré mercredi sur I>Télé.
Ses propos ont conduit plusieurs personnalités politiques à lui demander mercredi de s'expliquer et de saisir la justice.
La polémique est née d'une intervention lundi soir sur Canal+ de l'ancien ministre de l'Education, qui a assuré tenir ses informations "des plus hautes autorités de l'Etat".
"Si M. Luc Ferry a la preuve qu'il y a eu un comportement délictueux ou criminel (...), que M. Ferry saisisse la justice", a réagi le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.
"Si on a la conviction qu'il y a eu un délit, voire un crime, on saisit la justice et on ne va pas simplement bavasser dans la presse", a ajouté le numéro deux du gouvernement sur France Culture.
Une position partagée par le porte-parole du gouvernement, François Baroin, qui a jugé "surprenants" les propos de l'ancien ministre de l'Education.
"Soit il est détenteur (...) d'informations qui s'appuient sur des faits et dans ce cas-là il a le devoir de saisir la justice", a expliqué le porte-parole lors du compte rendu du conseil des ministres.
"Soit il rapporte des propos qu'il a entendus dans un fond de couloir et, dans ce cas-là, il n'est plus un philosophe de la rumeur mais il en devient un acteur essentiel."
François Baroin a aussi estimé que "procéder par amalgame et confusion" c'était "nourrir une forme de dictature de la rumeur (...) menaçante pour les libertés fondamentales".
Un sujet sensible
L'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati a pour sa part accusé Luc Ferry de "non-dénonciation d'un crime".
"La pédophilie est un crime donc, s'il sait des choses, il doit dénoncer les faits et indiquer de qui il s'agit, de quels faits il s'agit", a-t-elle dit sur RMC et BFM-TV. "Je ne vois pas comment la justice peut ne pas s'emparer de ces propos."
Le député socialiste André Vallini, est sur la même longueur d'ondes et dit ne pas comprendre les propos de Luc Ferry.
"Soit il sait des choses, a su des choses et il fallait les dénoncer car il s'agit de crimes, de délits d'après ce qu'il a pu raconter, soit il ne sait rien de plus que ce qu'il a entendu dire et à ce moment-là il se tait", a-t-il dit à Reuters.
Même ses amis se démarquent de l'ancien ministre, comme le député UMP Claude Goasguen.
"Si vous annoncez que vous connaissez des actes de pédophilie c'est un délit vous pouvez être poursuivi. J'espère qu'il ne le sera pas parce que Ferry est un type formidable, c'est un bon philosophe", a-t-il déclaré à Reuters. "Il a raisonné comme un homme de lettres."
Les moeurs de la classe politique sont un sujet particulièrement sensible après l'inculpation de tentative de viol de Dominique Strauss-Kahn aux Etats-Unis et la démission du gouvernement du secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Georges Tron, accusé par deux femmes d'abus sexuels.
Dans ce contexte, les propos de Luc Ferry ont choqué.
"Ça relève du ragot, de la rumeur, du racontar et si c'est ça la politique en France aujourd'hui, il faut arrêter d'en faire", a souligné André Vallini.