Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé que l'organisation allait proroger de trois mois sa mission en Libye. Le départ du dirigeant libyen n'est qu'une question de temps, a-t-il déclaré.
AFP - L'Otan a décidé mercredi de prolonger jusqu'à fin septembre ses opérations en Libye après avoir intensifié ses raids sur Tripoli, bastion du leader Mouammar Kadhafi qui refuse toujours de quitter le pouvoir malgré les pressions militaires et politiques de toutes parts.
"L'Otan et ses partenaires viennent de décider de prolonger notre mission en Libye pour 90 jours supplémentaires", a annoncé le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, alors que le conflit semble s'enliser près de quatre mois après la début de la révolte.
it"Cette décision envoie un message clair au régime de Kadhafi: nous sommes déterminés à poursuivre nos opérations pour protéger le peuple libyen" et afin de "remplir le mandat des Nations unies", a-t-il ajouté dans un communiqué à Bruxelles.
"Notre décision envoie également un message clair au peuple libyen: l'Otan, nos partenaires, la communauté internationale dans son ensemble sont à vos côtés", a-t-il ajouté. "Nous sommes unis pour vous assurer que vous pourrez bâtir votre propre avenir. Et ce jour se rapproche".
L'Otan a pris le 31 mars les rênes de l'opération militaire en Libye, lancée le 19 mars après plus d'un mois de révolte réprimée dans le sang par le régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans.
Mardi soir, l'Otan a procédé à de nouveaux bombardements sur Tripoli, cible de raids intensifs depuis près une dizaine de jours. Six explosions ont secoué la ville mais le journaliste de l'AFP n'était pas en mesure de déterminer les sites visés.
Selon le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, 718 civils ont été tués et 4.067 blessés par les raids de l'Otan et de la coalition internationale entre le 19 mars et le 26 mai.
Mais le lieutenant-colonel Mike Bracken, porte-parole de l'Otan, a affirmé que l'Alliance atlantique, dont l'intervention militaire se limite aux opérations aériennes, "continuerait à faire pression" sur le régime, car les pro-Kadhafi continuent, selon lui, à attaquer des civils.
Il a cité l'exemple de la ville de Dfania (ouest), située à quelques kilomètres de l'enclave rebelle de Misrata, qui a été "bombardée à l'aveuglette" et de celle de Yefren (sud-ouest), où d'"intenses bombardements rendent la vie extrêmement difficile et dangereuse".
Dans leurs efforts destinés à aider la rébellion, le quotidien The Guardian, citant des sources militaires britanniques, affirme que des vétérans des forces spéciales britanniques, employés par des sociétés de sécurité privées, sont présents à Misrata où ils conseillent les insurgés au sol.
Ces ex-militaires font aussi parvenir au commandement des opérations de l'Otan à Naples des informations sur la localisation et les mouvements des pro-Kadhafi, écrit-il. Ils se trouvent en Libye avec la bénédiction de Londres, Paris et d'autres pays membres de l'Alliance atlantique et les forces de la coalition leur ont fourni des équipements non offensifs.
Le ministère de la Défense, démentant qu'ils soient payés par le gouvernement, a insisté sur le fait qu'il n'a pas de troupes combattantes au sol. Les conseillers pourraient être rémunérés par des pays arabes et notamment le Qatar, affirme The Guardian.
Malgré l'intervention militaire internationale et les pressions et sanctions internationales, le régime, dont les forces continuent le combat, écarte tout départ du leader libyen alors que la rébellion refuse tout règlement impliquant le maintien au pouvoir de M. Kadhafi.
Le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a encore mardi affirmé que le régime de Kadhafi était "fini" et que le leader devait "quitter le pouvoir" et le pays, après une mission de bons offices du président sud-africain Jacob Zuma qui n'a pas abouti.
Mais le porte-parole libyen a rétorqué qu'"un départ de Kadhafi (serait) le pire scénario pour la Libye. "Si Kadhafi disparaît, la soupape de sécurité disparaîtra", a-t-il ajouté, mettant en garde contre une "guerre civile".
Inspirée des révoltes tunisienne et égyptienne, l'insurrection a éclaté le 15 février en Libye pour réclamer le départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Ce dernier a répliqué par une répression féroce.
Le conflit a fait des milliers de morts selon le procureur de la Cour pénale internationale et poussé à la fuite 893.000 personnes selon l'ONU.