Visé par deux plaintes pour harcèlement sexuel, le secrétaire d'État français à la Fonction publique a démissionné du gouvernement de François Fillon. Son ministre de tutelle, François Baroin, récupère ses attributions.
AFP - Georges Tron, visé par une enquête judiciaire après des accusations d'agression sexuelle, a présenté dimanche sa démission du gouvernement, alors que la classe politique vient déjà d'être ébranlée par l'affaire Dominique Strauss-Kahn.
Quatre jours après la révélation des plaintes à l'origine de l'enquête, Georges Tron "a informé ce jour le Premier ministre François Fillon de sa démission du gouvernement", a écrit ce dernier dans un communiqué transmis dimanche après-midi par Matignon.
"Le Premier ministre, en accord avec le président de la République, prend acte de cette décision qui ne préjuge en rien des suites qui seront données par la justice aux plaintes déposées contre Georges Tron et dont il conteste le bien fondé", poursuit le texte.
Son ministre de tutelle, François Baroin (Budget), reprendra ses attributions ministérielles à la Fonction publique, a précisé l'Elysée à l'AFP.
Georges Tron, un ex-villepiniste entré au gouvernement en mars 2010, a assuré dans une lettre adressée à Nicolas Sarkozy qu'en sa "qualité de simple citoyen", il ferait "une affaire personnelle de faire reconnaître (son) innocence". Il précise qu'il continuera à exercer ses mandats de député et maire de Draveil (Essonne).
Son entourage avait annoncé dimanche matin qu'il quitterait ses fonctions "sans délai", si une demande en ce sens était formulée par MM. Sarkozy ou Fillon.
Une manière de signifier que l'exécutif avait peut-être montré un peu plus précisément la porte de sortie à Georges Tron, réticent à un départ spontané pour des accusations qu'il nie catégoriquement. L'ex-secrétaire d'Etat n'a d'ailleurs pas encore accès à la procédure et son audition par les enquêteurs n'est pas imminente, selon le parquet d'Evry.
"Je pense qu'il a pris la bonne décision", a simplement commenté sur Canal+ le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, ajoutant : "Je n'ai pas de leçon à donner mais il y a des moments où il faut savoir prendre ses responsabilités soi-même".
La présidente du Front national Marine Le Pen s'est dite "à demi satisfaite", répétant qu'elle souhaitait également la démission de M. Tron de son mandat de maire.
"Cette affaire de plus est l'affaire de trop !", a réagi Pierre Laurent (PCF) en soulignant la responsabilité de Nicolas Sarkozy "dans le climat qui pourrit la vie politique".
"Il vaut mieux une sortie rapide (du gouvernement) qu'un pourrissement d'une situation qui aurait été totalement préjudiciable à l'action gouvernementale", a jugé de son côté Dominique Paillé, du Parti radical.
Pour François Bayrou (MoDem), les accusations d'agression sexuelle portées contre M. Tron par deux ex-employées municipales de sa ville de Draveil, constituent "un choc de plus" pour les Français, après l'affaire DSK.
Un avis partagé par les politologues interrogés par l'AFP, pour qui, dans le contexte de l'affaire DSK, Nicolas Sarkozy avait intérêt à se séparer rapidement d'un ministre mis en cause dans une affaire de moeurs.
Une démission permet de "calmer le jeu", estime ainsi Jérôme Fourquet (Ifop). "On est déjà en campagne électorale et le camp de la majorité ne peut pas se payer le luxe d'une affaire pareille qui vient brouiller son message", ajoute-t-il. "Nicolas Sarkozy a bien géré jusqu'à présent son image à l'occasion de l'affaire DSK. En pleine séquence de re-présidentialisation, l'affaire Tron fait très tache".
Pour le sociologue Denis Muzet (Médiascopie), "l'affaire Strauss-Kahn constitue désormais une épée de Damoclès supplémentaire sur la tête des politiques".