Le leader spirituel du Shass, le rabbin Ovadia Yossef, est l’homme à rencontrer avant les législatives israéliennes, le 10 février. Son parti a fait tomber le précédent gouvernement d’Israël et pourrait faire ou défaire le nouveau.
À la veille des élections législatives anticipées, le 10 février, une foule se presse autour du rabbin Ovadia Yossef. À 88 ans, cette grande personnalité religieuse du monde sépharade fait autorité pour les questions politiques. Il est le chef spirituel du Shass, le parti des ultra-orthodoxes séfarades. Hostile à toute concession aux Palestiniens à Jérusalem, ce parti compte rejoindre une coalition à l’issue des élections.
Parmi les fidèles attendant pour le rencontrer, le rabbin Nissim Zeev, également député, a demandé audience. "Je voudrais que dans son discours hebdomadaire, samedi soir, Ovadia Yossef dise bien en quoi nous sommes différents, surtout par rapport à Libierman", explique-t-il.
En effet, en ce qui concerne le conflit du Proche-Orient, Avigdor Lieberman est lui aussi partisan d'une ligne dure. Défenseur d’une colonisation à outrance, il prône un échange de populations ente Israël et l'Autorité palestinienne.
Pendant la campagne, le parti d’extrême droite qu’il dirige, Israël Beiteinou - qui signifie "Israël, notre maison"- s’est attaqué frontalement à la minorité arabe d'Israël exigeant qu'elle prouve sa "loyauté" pour garder sa "citoyenneté". Résultat, le parti de Lieberman a vu sa popularité se renforcer.
Selon le dernier sondage, il rognerait sur l'électorat du Shass, et pourrait conquérir, mardi, 18 sièges - sur les 120 que compte la Knesset, le Parlement israélien.
"Si le rabbin dit, alors je fais", affirme un militant du Shass
Bien qu’attaqué sur son terrain, le Shass conserve un atout maître : un dévouement sans faille de ses fidèles.
"Le rabbin Ovadia, c’est l’autorité de notre génération. Celui qui obéit à ses instructions doit respecter tout ce qu’il dit. Quand notre maître demande de voter Shass, c’est une obligation religieuse", explique le rabbin Nissim Zeev. Pour preuve, cet autre militant du Shass qui n’hésite pas à affirmer : "Si le rabbin dit, alors je fais."
Le Shass compte utiliser ce dévouement pour se garantir un minimum de 10 sièges à la Knesset.
Le Shass, qui selon les époques n’a pas hésité à soutenir le Likoud ou le Parti travailliste en fonction des avantages financiers qu'il retire de sa participation à une coalition gouvernementale, ne devrait pas hésiter à se "monnayer" de nouveau.
"J’en suis certain : peu importe qui sera le prochain Premier ministre, le Shass sera dans le gouvernement " affirme Yossi Moalem, un militant.
Après avoir refusé de soutenir les tentatives de l’actuelle ministre des Affaires étrangère Tzipi Livni de former un gouvernement et fait chuter le gouvernement Kadima, le Shass se verrait bien dans un gouvernement Likoud.