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La ministre française de l’Économie semble bien partie pour devenir la candidate européenne au poste de directeur du FMI. Mais certains, même au sein de l’Union Européenne, rejettent l'idée d'un scénario écrit à l’avance.

Elle ne s’est pas encore déclarée candidate, mais de plus en plus de responsables européens veulent faire de Christine Lagarde leur championne pour la succession de Dominique Strauss-Kahn au poste de directeur du FMI. Si elle se décide à franchir le pas, la ministre française de l’Économie ne sera pas la seule à lorgner le prestigieux fauteuil et plusieurs autres personnalités, notamment issues des pays dits "émergents", vont vouloir lui contester le statut de favorite.

La bataille pour le poste s’est officiellement ouverte lundi avec la possibilité de déposer les candidatures auprès du Fonds monétaire international. L’institution s’est donnée jusqu’au 30 juin pour se doter d’un nouveau directeur.

Christine Lagarde a reçu ce week-end le soutien de son homologue britannique, George Osborne et du ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble. L’influent quotidien économique allemand, le "Handelsblatt", a même adoubé, dans son édition de samedi, la ministre française comme "la candidate de l’Allemagne".

En France, la patronne de Bercy a également reçu dimanche le soutien de Martine Aubry. La secrétaire nationale du Parti socialiste a estimé que sa nomination serait "une très bonne chose pour notre pays et pour l’Europe".

Christine Lagarde avait appelé, jeudi dernier, à une candidature "qui rassemble, tous ensemble" les Européens. Un vœu qui semble en bonne voie d’être exaucé. Son accession au trône du FMI n’est pas acquise pour autant. D’autres candidats sont sur les rails. Pour l’instant, trois sont déjà connus et certains pays comme la Chine ont promis de présenter une alternative à Christine Lagarde :

Didier Reynders, l’outsider européen. Le vice-Premier ministre belge et ministre des Finances a déclaré qu’il était "bien entendu" intéressé par le poste. Il a certes souligné que son homologue française était "très concrètement favorite" mais sa probable candidature fissure le front uni que l’Europe tente de présenter.

En fait Didier Reynders a laissé entendre qu’il ferait un bon candidat de remplacement. Une manière de souligner que des casseroles domestiques, comme l’affaire Tapie et le rôle que Christine Lagarde y aurait joué, pourrait empêcher la ministre française de se présenter. À son crédit, l’homme politique belge rappelle qu’il est ministre des Finances depuis 1999 et qu’il connait bien le FMI où il siège depuis plus de 10 ans au comité monétaire et financier.

Grigori Marchenko, l’outsider venu des steppes. La Russie veut que le gouverneur de la banque centrale du Kazakhstan remplace Dominique Strauss-Kahn. La candidature de Grigori Marchenko, présentée jeudi dernier, est la première issue d’un des pays du groupe Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine). Peu connu, Grigori Marchenko a été à la tête de la Banque centrale kazakhe entre 1999 et 2004 avant de devenir vice-Premier ministre. Il est retourné à la banque centrale en 2009.
Sa candidature a jeté un froid entre les pays du Bric car elle a été annoncée sans concertation et contraste avec l’éventuelle candidature unique européenne.

Augustin Carstens, l’outsider de l’intérieur. Le Mexique a annoncé dimanche son intention de déposer la candidature du directeur de sa banque centrale. La légitimité d’Augustin Carstens tient avant tout à son passé au sein du FMI dont il a été directeur adjoint pendant trois ans (2003-2006). Il a également représenté les pays d’Amérique du Sud au conseil d’administration du FMI de 1999 à 2000. Mais le Mexique a peu de chance de placer l’un des siens à la tête du Fonds monétaire international, car le pays détient déjà les rênes de l’OCDE depuis 2006.