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Barack Obama veut accompagner les révolutions dans le monde arabe

Le président des États-Unis, Barack Obama, souhaite que Washington "change d’approche" et se montre intraitable avec les régimes arabes qui répriment leur peuple. Il appelle également à une issue rapide du conflit israélo-palestinien.

Barack Obama tend une nouvelle fois la main au monde musulman. Après le discours du Caire, en 2009, et celui de Djakarta, en 2010, le président des États-Unis a voulu marquer une nouvelle fois la rupture entre la politique de son prédécesseur, George W. Bush, à l’origine de l’invasion en Irak en 2003, et la sienne.

Mais, depuis son dernier message au monde musulman, il y a six mois, les printemps arabes ont rebattu les cartes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Or, “bien que ces pays soient très éloignés de nos frontières, nous savons que notre destin dépend d’eux”, a souligné le président des États-Unis en introduction de son discours consacré à la politique américaine à l'égard du monde arabe, prononcé au département d'État (l’équivalent du ministère des Affaires étrangères en France), à Washington. 

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"L'Amérique doit faire jouer toute son influence pour favoriser les réformes démocratiques dans la région"

Il s’agissait également du premier discours de ce type depuis la mort d’Oussama Ben Laden, le 1er mai dernier. Ce qui a permis à Barack Obama de condamner la violence et de souligner que le monde arabe voit désormais dans l'extrémisme d'Al-Qaïda "une impasse".

“La répression ne fonctionne plus”

C’est pourquoi “les États-Unis doivent impérativement changer d'approche” vis-à-vis du monde arabe, a déclaré le prix Nobel de la paix 2009. Pour Washington, ce changement de cap consiste en premier lieu à considérer que les heures des dirigeants qui répriment actuellement les manifestants sont comptées. “Les stratégies de répression ne fonctionneront plus”, a déclaré Barack Obama en forme d’avertissement aux régimes libyen, syrien, yéménite et bahreïni.

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Face aux régimes qui massacrent leur peuple, "le Statu quo n'est pas une option"

“Nous ne pouvons pas intervenir partout...Notre expérience en Irak nous montre combien il est difficile d’imposer un régime dans un pays. Mais si nous n’avions pas agi en Libye, des milliers de personnes auraient trouvé la mort. Aujourd’hui, Kadhafi n’a plus le  contrôle du pays”, a déclaré le président au sujet de l’intervention de la coalition internationale dans laquelle est impliqué Washington depuis le 19 mars dernier.

De même, en Syrie, "le président Bachar Al-Assad est maintenant face à un choix : Il peut diriger la transition, ou s'écarter", a prévenu Barack Obama en exigeant notamment la fin des violences contre les manifestants. À défaut, Bachar Al-Assad - que Washington a unilatéralement sanctionné mercredi - et son régime "seront défiés de l'intérieur, et continueront d'être isolés à l'extérieur", a-t-il poursuivi.

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"Le gouvernement syrien doit cesser de tirer sur les manifestants."
En ce qui concerne le Yémen, Barack Obama a appelé le président Ali Abdullah Saleh à “respecter ses engagements concernant la transition”; Le 24 avril dernier, le dirigeant yéménite avait en effet accepté de démissionner en échange de l'immunité.. Coïncidence ou pas, le parti au pouvoir a annoncé pendant le discours d'Obama que l'accord entre Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, et l'opposition, serait signé dimanche.
Le locataire de la Maison Blanche a même tancé son allié traditionnel de la péninsule arabique, le Bahreïn, appelant le gouvernement “à mettre en place les conditions nécessaires au dialogue” et l’opposition “à accepter et à participer au dialogue”. Lorsque l’armée avait réprimé les manifestations contre le pouvoir, début février, Washington n’avait pas réagi. it
"Le Bahreïn doit être une démocratie pluraliste"
Les initiatives au Proche-Orient "plus urgentes que jamais”

“Dans les prochains mois, les États-Unis devront s’employer au maximum pour accompagner les réformes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient”, a insisté Barack Obama, qui a annoncé des plans d’aide à l’Égypte et à la Tunisie, où le chef de l’État a été chassé par les manifestants.

Mais les “initiatives plus urgentes que jamais” concernent le conflit israélo-palestinien pour lequel les efforts diplomatiques en vue d’une reprise des négociations de paix sont actuellement en recrudescence. Dans son discours, Barack Obama est allé plus loin que par le passé, en exposant les paramètres d'un accord entre les Israëliens et les Palestiniens, sans aller pour autant jusqu'à dévoiler un plan de paix américain.
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"Une paix durable implique deux états côte à côte." Obama sur le conflit israélo-palestinien
Washington a désormais pour objectifs que les frontières d'Israël et d'un futur État palestinien soient fondées sur celles de 1967 et que ce dernier soit démilitarisé. "Il faudra se mettre d'accord sur la durée de cette période de transition, et l'efficacité des accords de sécurité devra être démontrée”, a-t-il ajouté.
Mais, si les efforts diplomatiques progressent, la question de la sécurité est elle loin d’être réglée. Barack Obama a concédé que la présence du Hamas dans le gouvernement d’union des territoires palestiniens “compliquait les négociations”. Quant aux Israéliens, ils auraient approuvé la construction de 620 logements à Jérusalem-Est ce jeudi, rapporte une ONG. Pas sûr que cela facilite les choses...