Des policiers grecs, identifiés sur une vidéo, ont été sanctionnés à la suite de heurts qui se sont produits au cours d'une manifestation à Athènes. Mercredi, des milliers de personnes ont défilé pour protester contre les mesures d'austérité.
AFP - Quatre policiers ont été sanctionnés jeudi en Grèce à la suite de brutalités sur un manifestant mercredi dévoilées sur internet, qui ont provoqué jeudi soir une manifestation à Athènes contre les violences policières, à l'appel d'organisations de gauche.
Les hommes mis en disponibilité, dont un officier, membres des forces anti-émeutes (MAT) ont été identifiés sur une vidéo postée sur youtube, montrant au moins quatre d'entre eux s'acharnant à coups de matraque et de pieds sur la tête d'un manifestant à terre, a précisé la police.
La scène a été prise dans le centre d'Athènes lors d'une charge policière au cours d'une manifestation contre la politique d'austérité du gouvernement, après qu'une centaine de jeunes eurent déclenché des incidents, rapidement contenus par la police.
Un autre manifestant hospitalisé, dans un état qualifié jeudi de "critique mais stable" par ses médecins, un militant de gauche de 31 ans, a lui aussi été blessé lors de cette charge, également victime selon ses médecins de violents matraquages à la tête.
Selon le témoignage d'un médecin hospitalier, un autre manifestant de 29 ans a dû être opéré pour une perforation de la rate, victime selon les premières informations d'une chute en pleine course. La police a, elle, donné un bilan de 15 policiers blessés.
Les autorités ont indiqué poursuivre leur enquête pour identifier tout autre auteur de sévices, alors que l'usage excessif de la violence est une constante de la police grecque, régulièrement dénoncée, au même titre que l'impunité dont jouissent les auteurs de bavure, par les organisations grecques et étrangères de défense des droits de l'homme.
Le ministre de la Protection du citoyen, Christos Papoutsis, a multiplié les déclarations dans les médias grecs pour afficher sa détermination à stopper et punir les abus des forces de l'ordre.
Une bavure qui avait coûté la vie le 6 décembre 2008 à un adolescent dans le quartier contestataire d'Exarchia avait déclenché plusieurs semaines de troubles urbains à Athènes, un an avant le début de la crise financière grecque. A son arrivée au pouvoir moins d'un an plus tard, le gouvernement socialiste s'était engagé à recrédibiliser les forces de l'ordre.
Dans un entretien à la radio publique, le vice-Premier ministre, Théodore Pangalos, a déploré que la police "ne puisse pas réussir le dosage requis entre l'application des lois et règles et l'exercice convaincant de la force". Il a jugé "inacceptable" le spectacle offert par la vidéo, appelant à l'exclusion de la police des MAT impliqués.
Jeudi soir, au moins un millier de personnes issues de la gauche, de mouvements anarchistes et autonomes et d'extrême gauche ont défilé dans les rues du centre d'Athènes en scandant "à bas le gouvernement assassin".
Une trentaine de ces manifestants ont occupé le rectorat de la ville, ceint sur sa façade d'une banderole noire portant l'inscription "assassin", a constaté une journaliste de l'AFP.
Au début du défilé, la police s'est faite extrêmement discrète. A l'arrivée sur la place Syntagma, près du Parlement, la police a lancé des salves de grenades assourdissantes et de grenades lacrymogènes pour disperser le cortège.