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La répression s'intensifie dans le pays

Depuis samedi, l'armée syrienne a procédé à plus de 450 arrestations dans le pays, alors que les opposants au régime de Bachar al-Assad continuent de manifester. Six figures de l'opposition ont été libérées ce mardi.

AFP - L'armée a renforcé mardi son contrôle des foyers de la contestation et procédé à des arrestations massives à travers la Syrie, où six figures de l'opposition ont été libérées alors que de nouveaux appels à manifester ont été lancés en solidarité avec les milliers de détenus.

"L'armée contrôle tous les quartiers de Banias (nord-ouest) et les arrestations se poursuivent dans la ville et les villages voisins de Bayda et Marqab", a indiqué Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé à Londres.

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Le journaliste algérien Khaled Sid Mohand vient d’être libéré, après 23 jours de détention en Syrie
La répression s'intensifie dans le pays

Plus de 450 personnes ont été arrêtées depuis samedi dans cette ville côtière, dont des leaders de la contestation. Selon M. Abdel Rahmane, l'armée cherche à arrêter d'autres chefs de file des protestataires, notamment Anas al-Chaghri.

Cinquante militants politiques, dont le dirigeant d'un parti communiste interdit Hassan Zahra et son fils, ont également été arrêtés lundi dans la région de Salamiya (centre-nord), affirme l'OSDH dans un communiqué.

D'après l'ONG, "des milliers de militants ont été arrêtés les dernières semaines par les forces de sécurité dans le cadre d'une campagne de répression visant à mettre fin aux manifestations" contre le régime de Bachar al-Assad qui ont commencé le 15 mars.

Un militant a fait état, sous le couvert de l'anonymat, d'informations sur des arrestations mardi à l'aube à Lattaquié (nord-ouest), premier port de Syrie, dans la province de Damas et à Idleb (nord-ouest), sans pouvoir fournir de précisions.
              

Mouadamiya, une localité à l'ouest de Damas, où l'armée est arrivée en force lundi à l'aube, est isolée du monde, selon un autre militant ajoutant que des voitures d'agents de sécurité remplies de personnes arrêtées ont été aperçues mardi matin.

Selon lui, "un agent de sécurité est posté devant chaque immeuble". "Pour sortir de la localité, il faut passer par trois postes de contrôle où les identités sont contrôlées sur la base de listes". "Les arrestations se poursuivent. Il y a des chars aux entrées de la localité".

"Je suis terrée chez moi, sans pouvoir sortir et sans aller travailler depuis deux jours", a indiqué à l'AFP une habitante.

Dans les régions nord à majorité kurde, à Qamichli, Derbassyé et Amouda, les services de sécurité ont convoqué lundi et mardi des habitants pour qu'ils signent des déclarations pour ne pas manifester, a dénoncé le dirigeant kurde Radif Moustapha.

En dépit de la répression, le site "Syrian Revolution 2011" a prévenu sur Facebook que "les manifestations se poursuivront tous les jours", appelant à un "mardi de solidarité avec les détenus de conscience dans les prisons du régime syrien criminel".
 

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L'union européenne adopte des sanctions contre la Syrie

             
Entre-temps, six figures de l'opposition, dont cinq arrêtés au cours du mouvement de contestation, ont été libérées, notamment l'écrivain Fayez Sara et l'avocat Hassan Abdel Azim, 80 ans, un dirigeant de mouvements d'opposition de gauche.

Lundi soir à Damas, 200 personnes ont manifesté sur la place Arnousse (centre) pour demander la levée du siège de plusieurs villes avant d'être dispersées par la force. Plusieurs personnes ont été arrêtées.

Des tirs nourris ont été entendus dans la nuit dans des villages voisins de Deraa, une ville du sud où est née la contestation et des sit-in y ont été organisés, selon un militant.

Le régime du président Assad se maintient au pouvoir malgré la contestation, en raison d'une réaction internationale jusqu'ici plutôt molle et grâce à la fidélité de l'armée, ont estimé des analystes.

Dans un entretien au New York Times, une conseillère du président, Bouthaina Chaabane, a elle estimé que le gros de la révolte est passé et que le "moment le plus dangereux est derrière nous".

L'Union européenne a par ailleurs adopté formellement un embargo sur les armes visant la Syrie, ainsi que des interdictions de visas d'entrée dans l'UE et le gel d'avoirs contre 13 Syriens, dont le frère cadet du président, Maher, 43 ans, chef de la Garde républicaine.

Présenté comme "le principal maître d'oeuvre de la répression contre les manifestants", il précède sur la liste le chef des renseignements généraux Ali Mamlouk et le nouveau ministre de l'Intérieur Mohammad Ibrahim al-Chaar, nommé le 28 avril, également sanctionnés pour leur "implication".

Des dizaines de manifestants ont défilé devant les ambassades de France et de la représentation de l'UE à Damas. Selon l'agence officielle Sana, "les protestataires dénoncent les positions de l'UE et son intervention inacceptable contre la Syrie qui restera ferme face aux complots et aux ingérences flagrantes dans ses affaires".

La France a dénoncé pour sa part les entraves faites aux missions humanitaires de l'ONU par les autorités syriennes qui ont refusé qu'une mission humanitaire se rende le week-end dernier à Deraa.