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Des responsables de l'ONU ont annoncé, lundi, avoir découvert 68 corps dans dix fosses communes dans le quartier de Yopougon à Abidjan. Des dizaines de corps criblés de balles jonchaient encore la semaine dernière les rues de ce quartier populaire.

Selon les autorités ivoiriennes, près de 3 000 personnes ont été tuées en Côte d'Ivoire au cours des violences liées à la contestation du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010.
Ce lundi, deux responsables de l’ONU ont annoncé avoir découvert 68 corps dans le quartier de Yopougon à Abidjan. Un peu plus tard, le ministère ivoirien de la Défense a rapporté que 120 civils ont été tués les 5 et 6 mai par des miliciens de Laurent Gbagbo alors qu’ils fuyaient vers le Liberia.

68 corps découverts dans 10 fosses communes à Yopougon, bastion des fidèles de Laurent Gbagbo

Soixante-huit corps ont été découverts vendredi dans dix fosses communes par une équipe du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme dans le quartier de Yopougon à Abidjan, ont annoncé deux responsables de l'ONU lundi.

Deux fosses communes en particulier renfermaient 31 et 21 corps respectivement dans ce quartier qui était le dernier bastion des miliciens fidèles à l'ex-président Laurent Gbagbo, a indiqué à New York le porte-parole adjoint de l'ONU Farhan Haq.

L'équipe de l'ONU interroge les témoins et les familles pour déterminer ce qui s'est passé mais "on pense que les tueries ont été commises le 12 avril par des milices pro-Gbagbo", toutes les victimes étant des hommes, a-t-il ajouté.

La mission de l'ONU en Côte d'Ivoire a ajouté qu'il existait des informations sur d'autres tombes proches et qu'elle continuait d'enquêter, a ajouté le porte-parole.

De son côté, Guillaume Ngefa, directeur adjoint de la division des droits de l'Homme de l'ONU en Côte d'Ivoire, a confirmé à l'AFP à Abidjan l'existence "non d'un charnier mais de dix fosses communes, dont les plus grandes comptaient 31 et 21 corps. Au total il y a 68 corps".

M. Ngefa a également confirmé que "toutes les victimes sont des hommes (...). Ils ont été tués le 12 avril par des miliciens pro-Gbagbo et enterrés le jour même par des habitants. Ces miliciens, habillés en civil et armés de kalachnikovs, attaquaient les maisons par petit groupes".

"Les corps n'ont pas été exhumés. Nous avons la liste des victimes et des témoignages (...). Il faut l'autorisation des familles pour exhumer les corps, et aussi de la justice" ivoirienne, a souligné M. Ngefa.

Les faits se sont déroulés à Yopougon, "dans le quartier de Doukouré qui était contrôlé par les miliciens pro-Gbagbo".

Yopougon, qui constituait le dernier bastion des miliciens fidèles à l'ex-président Laurent Gbagbo, a été déclaré sécurisé mais reste dévasté par des semaines de violences. Des dizaines de corps criblés de balles ou des squelettes calcinés jonchaient en milieu de semaine dernière les rues de cet immense quartier populaire, où vivent plus d'un million de personnes.

120 civils tués par des miliciens fidèles à Laurent Gbagbo, selon le ministère ivoirien de la Défense

Quelque 120 civils ont été tués les 5 et 6 mai lors d'attaques menées le long du littoral ivoirien par des miliciens fidèles au président déchu Laurent Gbagbo et des mercenaires libériens fuyant Abidjan, a affirmé lundi le ministère de la Défense.

"Les derniers combattants à la solde de l'ex-président, Laurent Gbagbo, étaient des mercenaires libériens et des miliciens ivoiriens. Ce sont eux qui ont pris en otage la vaste commune de Yopougon (à Abidjan). Mis en déroute les 3 et 4 mai 2011, ils ont pris la direction de leurs régions natales", a indiqué le ministère dans un communiqué.

Yopougon, un immense quartier populaire dans l'ouest d'Abidjan devenu le dernier bastion des forces pro-Gbagbo après son arrestation le 11 avril, a été la dernière zone de la capitale économique à passer sous le contrôle des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) du président Alassane Ouattara.

En se dirigeant vers la frontière libérienne, ces hommes armés ont tué cent vingt civils, parmi lesquels des femmes et des enfants, les 5 et 6 mai dans les villes de Irobo, Grand Lahou, Fresco et dans la région de Sassandra, le long de littoral à l'ouest d'Abidjan, selon le ministère.

La plupart des victimes ont été choisies en raison de leur appartenance ethnique, parmi les populations allogènes (originaires d'autres régions de la Côte d'Ivoire) ou d'origine étrangère, selon le ministère.

Ces communautés sont réputées avoir voté en faveur d'Alassane Ouattara lors de la présidentielle du 28 novembre.

Plus de 30 mercenaires et miliciens ont été tués au cours des affrontements avec les forces de sécurité du président Ouattara, a indiqué le ministère.

Il n'était pas possible de confirmer ces informations de source indépendante, dans un premier temps.