logo

Plusieurs chefs de file de la contestation syrienne ont été arrêtés samedi et dimanche par les forces de sécurité à Banias et à Homs, où des chars de l'armée sont toujours déployés. Le régime poursuit son offensive pour réprimer la protestation.

AFP - Les chefs de file de la contestation à Banias, dans le nord-ouest de la Syrie, ont été arrêtés dimanche par les forces de sécurité, les autorités affichant leur détermination à faire taire par la force la protestation sans précédent contre le président Bachar al-Assad.

L'armée est intervenue à la fois à Banias (nord-ouest) et à Homs (centre) où, selon un militant, un enfant de 12 ans a été tué.

it
L'armée intervient à Banias et à Homs
Le régime intensifie son offensive dans les villes insurgées

L'agence de presse officielle Sana, citant une source militaire, a indiqué de son côté que 16 personnes avaient été tuées "par des tirs de groupes terroristes", dont six militaires.

A Banias, les forces de sécurité ont procédé à plus de 250 interpellations entre samedi soir et dimanche, dont des dizaines de femmes et un enfant de 10 ans, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Parmi eux, figurent cheikh Anas al-Ayrout, considéré comme le leader du mouvement, et Bassam Sahiouni.

Les forces de sécurité encerclaient l'hôpital d'Al-Jamiyyeh et y ont arrêté plusieurs médecins, a précisé l'Observatoire.

Les manifestants traqués jusqu'à Tafas

Au moins huit chars ont pénétré dans Tafas à l'aube, une ville de la périphérie de Deraa, où des militaires sont entrés dans les maisons pour arrêter des jeunes gens. "Nous savions qu'ils ne nous pardonneraient pas notre solidarité avec Deraa. Ils ont pris pour cible Tafas parce que nombre de jeunes ayant échappé à l'attaque de Deraa y avaient trouvé refuge", a expliqué un habitant de Tafas.

Des chars encerclaient aussi dimanche une ville voisine, Dael, près du grand axe routier menant à la Jordanie. L'armée a accru sa présence dans la région de Hauran, un secteur agricole frontalier de la Jordanie, où le mouvement de contestation a pris de l'ampleur vendredi, mais aussi sur les hauteurs du Golan à la frontière avec Israël.

Les communications téléphoniques, l'électricité et l'eau ont été coupées dans cette agglomération de 50.000 habitants située sur la côte méditerranéenne, avait indiqué plus tôt à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le président de l'Observatoire.

"La ville est coupée du monde et dans les quartiers sud, place forte des contestataires, il y a des tireurs embusqués sur les toits", avait-il ajouté.

"Des chars ont été déployés dimanche sur la corniche et dans les quartiers sud de Banias et des perquisitions ont été effectuées. Des personnes ont été arrêtées sur la base de listes", selon lui.

Les militaires ont également pénétré samedi soir et dimanche à l'aube dans plusieurs quartiers de Homs (160 km au nord de Damas) tenus par les opposants au régime, selon un militant des droits de l'Homme.

Des tirs de mitrailleuses lourdes ont résonné dans ces quartiers, où l'électricité et les communications téléphoniques étaient coupées.

Un enfant de 12 ans, Qassem Zouheir al-Ahmad, a été tué par des tirs, a indiqué le militant sans pouvoir préciser les circonstances de ces tirs.

Il a également fait état d'autres morts à Homs sans pouvoir en fournir le nombre. "Des tireurs ont pris position sur les toits d'immeubles dans le quartier de Karam al-chami", a-t-il ajouté.

"L'armée et les forces de sécurité continuent de pourchasser les groupes terroristes (...) à Homs , Banias et dans les environs de Deraa" (sud), a indiqué de son côté l'agence officielle Sana.

"Six militaires, dont trois officiers, ont été tués et d'autres ont été blessés" par des tirs des groupes terroristes, a indiqué le porte-parole militaire, cité par l'agence, sans préciser dans quelles villes les victimes ont été tuées.

Sana a indiqué que des membres des groupes armés avaient été tués, des dizaines d'autres arrêtés et des armes saisies.

L'agence a également rapporté "la mort de dix citoyens syriens", tués "à l'aube par des tirs d'un groupe terroriste armé": "ils étaient à bord d'un minibus lorsqu'ils sont tombés dans une embuscade tendue par ce groupe armé près de Homs".

L'armée intervient à Homs et Banias après dix jours de siège de Deraa (sud), épicentre de la contestation. Entrée le 25 avril dans la ville, l'armée a arrêté plusieurs milliers de personnes, selon des militants.

Selon al-Watan, Bachar al-Assad a rencontré samedi une délégation de jeunes Syriens qui "ont évoqué les pratiques violentes de certains agents de sécurité".

"Le président Assad n'a pas démenti ces pratiques et a affirmé qu'il s'agissait de comportements individuels et que le gouvernement oeuvrait pour contenir la crise et éloigner la violence", ajoute le journal.

Par ailleurs, un vétéran de la lutte pour les droits de l'Homme en Syrie, Riad Seif, 64 ans, qui souffre d'un cancer, a été inculpé dimanche pour avoir enfreint l'interdiction de manifester, selon l'avocat Khalil Maatouk.

M. Seif a purgé une peine de deux ans et demi (janvier 2008-juillet 2010) pour avoir appelé à la démocratie. Il avait aussi été condamné en 2001 à cinq ans de prison pour avoir voulu "changer la Constitution d'une manière illégale".

La Syrie a appris de l'Iran comment réprimer un mouvement de protestation, en recourant à la torture, a affirmé un cyberdissident syrien de premier plan à l'agence de presse autrichienne APA.

"Si vous arrêtez et torturez quelqu'un, au moins dix de ses amis auront peur. C'est comme ça qu'elles (les forces de sécurité) ont procédé ces deux dernières semaines", a ajouté le militant de 28 ans.