L’UE, le FMI et le Portugal se sont mis d’accord, mardi soir, sur une aide de 78 milliards d’euros. Si le Premier ministre portugais estime que ce compromis est plutôt bon, il n'empêchera pas le pays de connaître des années de récession.
Pas 100, pas 80, mais 78 milliards d’euros. Après deux semaines de négociations, le Portugal, l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) se sont mis d’accord, mardi soir, sur les modalités du plan d’aide international. Il sera donc finalement moins élevé que ce qu'avaient anticipé les marchés financiers.
Une bonne nouvelle pour le gouvernement portugais, qui peut ainsi se targuer d’être le moins aidé des trois pays à avoir reçu un soutien financier international. "C’est un bon plan", s’est réjouit le Premier ministre socialiste portugais José Socrates. Il a même laissé entendre que les modalités négociées en contrepartie permettent à son pays d’être mieux loti que l’Irlande et la Grèce - les deux autres États européens à avoir été aidés par l’UE et le FMI. Qu’en est-il exactement ?
78 milliards d’euros, est-ce beaucoup ? Le montant débloqué sur trois ans correspond, à quelques milliards près, aux prévisions du Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Le 24 mars, il avait indiqué sur France 24 s’attendre à un plan d’aide international d’environ 75 milliards si le Portugal en faisait la demande.
Cette enveloppe correspond, au centime d’euros près, au besoin de financement du
Portugal anticipé par l'Union européenne. "En 2011, Lisbonne doit rembourser 26 milliards de dettes qui arrivent à échéance", avait indiqué à France 24, le 24 mars, Céline Antonin, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). L'Union européenne s'attend donc à ce que le Portugal se retrouve dans l'obligation de rembourser 26 milliards par an, jusqu'en 2013.
S’agit-il vraiment d’un "bon plan", comme l’affirme José Socrates ? "Il [le plan] est bon car le compromis trouvé montre que l’UE valide les mesures d’austérité prises par lLisbonne", explique à France 24 Christophe Blot, économiste à l’OFCE et spécialiste de l’UE. En clair : la "potion" d’austérité que le Portugal va devoir faire boire à sa population sera moins amère que les breuvages irlandais et grec.
En effet, José Socratès a affirmé mercredi qu’il n’y aurait pas de baisse du salaire minimum, d’abandon des 13e et 14e mois dans la fonction publique, ni de privatisation de la Caisse des dépôts et consignation : autant de mesures que l’Irlande et la Grèce avaient dû prendre dans la douleur. "Qu’on ne s’y trompe pas, le Portugal avait déjà adopté plusieurs de ces dispositions - comme la réduction du salaire minimum", souligne Christophe Blot.
Y’a-t-il des contreparties demandées au Portugal ? Rien de nouveau sous le soleil. Comme dans les "cas" grecs et irlandais, UE et FMI demandent au Portugal de réduire fortement son déficit. En 2010, il était de 9,1% du PIB et il doit être ramené à 5,9% cette année, à 4,5% en 2012 et à 3% en 2013. "C’est à peu près pareil que pour l’Irlande et la Grèce, ce qui signifie que ce plan condamne le Portugal à la récession pour les prochaines années", estime Christophe Blot : "C’est peut-être un bon plan, mais une mauvaise nouvelle pour les Portugais." Pour y parvenir, il n’y a pas de recette miracle. Lisbonne devra préparer un énième programme d’austérité avec des coupes dans les dépenses sociales et une probable hausse des taxes.
Le Premier ministre portugais s’est pourtant félicité de ce calendrier. Il s’était en effet fixé des objectifs de réduction des déficits plus draconiens (4,6% du PIB en 2011, 3% en 2012 et 2% en 2013). "Mais, à l’époque, il s’agissait essentiellement d’effet d’annonce pour rassurer les marchés financiers et éviter d’avoir à demander une aide financière à l’Union européenne", assure Christophe Blot. Selon lui, le compromis trouvé mardi soir se contente donc essentiellement de poser des objectifs plus "réalistes".