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Débâcle historique du Bloc québécois aux élections fédérales

D’aucuns s’accordent à dire que les élections fédérales qui se sont déroulées lundi au Canada sont "historiques". Le Bloc québécois (BQ), séparatiste, connaît une débâcle. C’est le Nouveau parti démocratique qui rafle la mise.

"On s’attendait à un bon score du Nouveau parti démocratique (NPD), mais certainement pas autant. Les électeurs souverainistes et les indépendantistes ont laissé tomber le Parti québécois. C’est historique. C’est la première fois qu’il s’effondre de la sorte", s’étonne Denis Saint-Martin, politologue et enseignant à l’Université de Montréal. Pour lui, "c’est un vote antisystème, un rejet des élites et pas le signe d’un tournant socialiste." Selon François Bergeron, éditeur associé et rédacteur en chef de l’hebdomadaire francophone "L’Express de Toronto", l’analyse vaut également pour le reste du Canada, à majorité anglophone : "C’est un vote de protestation contre la politique fédérale en général."

Le NPD, parti le plus à gauche représenté à la Chambre des communes du Parlement, s’est emparé des trois-quarts des sièges réservés à la Belle Province au Parlement fédéral. Il se retrouve avec 60 des 75 sièges. "Cette vague NPD est un peu surréaliste. Des gens ont été élus sans être connus – et même quelquefois sans s’être rendus dans la circonscription qu’ils convoitaient – face à des élus bloquistes très connus", s’étonne François Bergeron.

"Un parti qui n'a aucune racine au Québec"

Aux dires des commentateurs, la personnalité de son leader, Jack Layton, y est pour beaucoup. C’est un enfant de la province, il a grandi au Québec. Il est atteint d’un cancer et certains analystes estiment que cela a pu jouer favorablement sur son image.

Mais Denis Saint-Martin doute que le parti soit en mesure de répondre aux aspirations identitaires de la province francophone : "C’est un parti qui n’a aucune racine au Québec sur le plan historique. Je pense que les espoirs des Québécois risquent d’être déçus." Il explique que "le poids politique de la formation se retrouve au Québec alors que les instances du parti ne sont pas dans la province." Le bastion du NPD, qui est aussi la circonscription de Jack Layton, se trouve être Toronto.

Stephen Harper, le Premier ministre conservateur au pouvoir depuis 2006, est le grand vainqueur du scrutin. Disposant maintenant d’une majorité confortable qui lui avait échappée aux deux élections précédentes, "il est libre de faire ce qu’il veut", analyse François Bergeron. "Une des premières choses qu’il va faire, c’est de faire passer le budget rejeté récemment par la précédente majorité."

Le Bloc québécois, grand perdant de l'élection

Quant au Bloc québécois, il ne conserve de 4 des 47 sièges dont il disposait dans le Parlement sortant - en place depuis 2008. Compte tenu de son faible nombre d’élus, il va perdre son statut de parti officiel à la Chambre des communes et se retrouver privé des fonds versés aux formations majoritaires. De plus, Stephen Harper a annoncé lundi qu’il mettrait fin aux subventions publiques pour les partis politiques (indépendantes des résultats aux élections), ce qui devrait encore réduire ses ressources.

Reste que pour Denis Saint-Martin, "ceux qui pensent que ces résultats sont le signe de la fin de l’indépendantisme, ils se trompent. C’est un géant qui dort. Le rêve d’un Québec indépendant est plus que jamais là. Certains électeurs ont vu le NPD comme la dernière chance, mais si le NPD ne réussit pas à convaincre, ce sera très favorable aux souverainistes."

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