logo

Surnommé "Super Mario", le président actuel de la Banque centrale italienne Mario Draghi est le nouveau favori pour remplacer Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE. Seule ombre à ce beau profil : un passage controversé chez Goldman Sachs.

"Super Mario" sera-t-il le plombier de l’euro en crise ? L’actuel président de la Banque centrale italienne, Mario Draghi, a reçu mardi, lors d’une conférence de presse à Rome, la bénédiction du président français Nicolas Sarkozy pour devenir le prochain président de la Banque centrale européenne (BCE). Un soutien qui propulse l’Italien de 63 ans en tête des postulants à la succession de Jean-Claude Trichet, dont le départ est prévu en octobre 2011.

Cet économiste italien était loin d'être le favori. Il y a à peine un an, l’Allemagne opposait une fin de non recevoir à sa candidature. "Mama mia, en Italie l’inflation est inscrite dans la culture comme la sauce tomate sur les pâtes", s’insurgeait encore en février dernier le très influent quotidien populaire Bild. Il faut dire qu’à l’époque, la chancelière allemande, Angela Merkel, cherchait à placer le patron de la Bundesbank, Axel Weber, à la tête de la BCE… Mais depuis, ce dernier a renoncé au poste.

L’orthodoxe

Par conséquent, le profil de Mario Draghi est redevenu acceptable et chacun lui cherche dorénavant des qualités. Une tâche plutôt facile au vu de son CV. Ayant étudié aussi bien en Italie qu’au prestigieux MIT (Massachussetts Institute for Technology) sous la direction du prix Nobel d'économie 1985, Franco Modigliani, il a enseigné dans les années 80 à Harvard et a occupé dans le même temps la fonction de directeur à la Banque mondiale. Les années qu’il a passées à parcourir le monde lui ont valu le surnom de "Super Mario" en référence à sa capacité à être partout à la fois et de "M. Ailleurs" en Italie.

À sonr retour en 1991, il devient directeur général du Trésor jusqu’en 2001. À ce poste, il supervise le plus grand plan de privatisation que l’Italie ait connu depuis la Seconde Guerre mondiale.

Accusé d’être le fils spirituel d’une supposée tradition dispendieuse italienne, Mario Draghi a dû doucement en sourire, lui qui a plusieurs fois loué le modèle économique allemand censé reposer sur un contrôle plus strict des dépenses. En Italie il s’est vu reprocher par le ministre actuel de l’Économie, Giulio Tremonti, d’avoir une approche trop "rigide" de la maîtrise des déficits.

Des reproches qui peuvent tourner à son avantage dans la course à la tête de la BCE, le patron de la Banque centrale européenne ayant en effet pour mission unique de combattre l’inflation. Mario Draghi peut en outre se targuer d’être, depuis 2006, à la tête du Conseil de stabilité financière qui supervise et surveille les banques européennes.

L’ombre de Goldman Sachs

Reste un gros point noir sur ce brillant CV : entre 2002 et 2005, Mario Draghi a été vice-président de Goldman Sachs pour l’Europe. Son expérience auprès de la banque privée d'investissement américaine maintes fois pointée du doigt pour son rôle dans la crise financière de 2008 risque d’en effrayer certains. D’autant que son passage chez Goldman Sachs coïncide avec le moment où la banque aurait aidé la Grèce à "maquiller" ses comptes pour dissimuler une partie de ses déficits. Mario Draghi a beau avoir répété qu’il n’était au courant de rien, pour ses détracteurs, il était au mauvais endroit au mauvais moment.

Cette aventure à Goldman Sachs peut-elle être une entrave pour accéder à la présidence de la BCE ? Nicolas Sarkozy ne semble pas le penser. La chancelière allemande ne s’est pas encore prononcée : elle a jusqu’à fin juin, lorsque le successeur de Jean-Claude Tricher devra être désigné, pour choisir ou non Mario Draghi.