Le parti présidentiel de Saleh et l'opposition yéménite se retrouveront lundi à Ryad pour signer l'accord de sortie de crise présenté par les monarchies du Golfe, prévoyant notamment la démission du président et un gouvernement d'union.
AFP - Le pouvoir yéménite et l'opposition ont annoncé mardi avoir été invités à Ryad pour signer un accord de sortie de crise basé sur un plan des monarchies du Golfe prévoyant le départ du président Ali Abdallah Saleh.
"Nous avons reçu une invitation de l'Arabie saoudite pour la signature à Ryad de l'accord sur l'initiative du Conseil de coopération du Golfe (CCG)", a déclaré à l'AFP Soltan al-Barakani, secrétaire général adjoint du parti présidentiel.
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Pour sa part, un responsable de l'opposition a confirmé qu'une délégation représentant le Front commun, coalition de l'opposition parlementaire, se rendrait mercredi à Ryad pour signer l'accord, qui est pourtant toujours rejeté par la rue et les organisateurs de la mobilisation.
La cérémonie de signature n'est prévue que lundi prochain, a cependant précisé un responsable du CCG dans la capitale saoudienne.
Les deux parties doivent recevoir mercredi les invitations pour la cérémonie prévue lundi, a indiqué à l'AFP un dirigeant de l'opposition parlementaire yéménite, Hassan Zayd.
Les monarchies du Golfe, inquiètes de l'instabilité au Yémen, parent pauvre de la Péninsule arabique, ont mis sur pied un plan prévoyant la formation par l'opposition yéménite d'un gouvernement de réconciliation nationale, et un mois plus tard la démission, avec une garantie d'immunité, du président Saleh.
Une élection présidentielle devrait ensuite avoir lieu dans les 60 jours.
Les manifestations réclamant le départ du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, durent depuis fin janvier et ont fait plus de 130 morts.
Le CCG comprend outre l'Arabie saoudite, le Koweït, les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Qatar et le sultanat d'Oman.
L'opposition a donné lundi son accord final au plan du CCG, après avoir obtenu des assurances au sujet de réserves sur une clause prévoyant qu'elle forme un gouvernement sous l'autorité du président Saleh. Elle avait aussi contesté une clause prévoyant un arrêt des sit-in de protestation.
Pour sa part, le parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG), avait accepté samedi l'initiative des monarchies du Golfe.
itLes Etats du CCG, les Etats-Unis et l'Union européenne se portent garants de l'application de l'accord, selon le texte du plan.
Mais sa mise en oeuvre pourrait être compromise par le refus des jeunes protestataires qui campent à Sanaa et dans les autres villes du pays, et les atermoiements du chef de l'Etat qui s'accroche au pouvoir.
"Nous refusons totalement ce plan. Nous réclamons non seulement que le président Ali Abdallah Saleh parte, mais qu'il soit jugé", a déclaré mardi à l'AFP Hachem al-Soufi, porte-parole des protestataires de Sanaa.
Quant au président Saleh, il a répété dimanche sur la BBC qu'un changement de régime passerait par "les urnes", en accusant l'Occident d'appuyer ses adversaires, soutenus selon lui par Al-Qaïda.
M. Saleh, toujours défiant, continue de se réclamer d'une légitimité constitutionnelle, pourtant érodée par la défection d'une partie de l'armée, des tribus et des dignitaires religieux.
En habile tacticien, il "va continuer à manoeuvrer pour améliorer sa position dans les négociations et s'assurer une sortie honorable: ne pas être un président déchu", a déclaré à l'AFP Farès al-Saqqaf, président du centre d'Etudes de l'avenir à Sanaa.
Selon lui, M. Saleh pourrait entraver, sinon ralentir, l'application du plan du Golfe.
Et les prétextes ne manqueraient pas, a-t-il expliqué, citant par exemple une répartition litigieuse des portefeuilles lors de la formation du gouvernement ou un manque de quorum au Parlement le jour du vote sur la démission du président.