L’immigration clandestine et le traité de libre circulation de Schengen sont au centre d’un sommet bilatéral franco-italien organisé ce mardi, à Rome, à la suite de l’arrivée massive de migrants tunisiens sur les côtes de la péninsule.
Suivez en direct sur FRANCE 24 la conférence de presse de Nicolas Sarkozy et de Silvio Berlusconi à 12h30 (heure de Paris).
Éviter la crise diplomatique... Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi et le chef de l'État français Nicolas Sarkozy doivent se rencontrent ce mardi, à Rome, pour tenter de ramener un peu de sérénité dans les relations franco-italiennes, qui se sont tendues à la suite de l'afflux d'immigrants d'Afrique du Nord sur les côtes de la péninsule depuis le mois de janvier. Au cœur des discussions : l’immigration - bien sûr - mais aussi le réexamen du traité de libre circulation de Schengen.
Quelques jours avant la tenue de ce sommet, le gouvernement de Silvio Berlusconi a jeté un pavé dans la mare en octroyant 20 000 permis de séjour temporaires aux réfugiés - majoritairement tunisiens - fraîchement débarqués sur l’île de Lampedusa. Un document qui leur permet de circuler librement dans les 25 pays appartenant à l’espace Schengen sans être contrôlés...
L'initiative a déclenché une importante polémique entre Paris et Rome. La France estime en effet que la délivrance de ces "passeports" est un moyen déguisé de faire entrer sur son sol les Tunisiens qui, dans leur grande majorité, souhaitent rejoindre l'Hexagone.
Amender le traité Schengen
Le 17 avril, Paris a, à son tour, suscité la colère de Rome en bloquant depuis la ville italienne de Vintimille vers la France la circulation d'un train dans lequel des associations de défense des droits de l'Homme accompagnaient les migrants, y voyant un risque de trouble à l'ordre public.
Pour ne pas envenimer la situation, la France souhaite autoriser les États membres de l'espace Schengen à restreindre le principe de libre circulation et à rétablir des contrôles aux frontières nationales lors de circonstances exceptionnelles. Paris "ne veut pas suspendre Schengen" mais en "revoir les clauses de sauvegarde dans des situations particulières", a toutefois assuré Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy.
L’Italie non plus n’est pas contre une révision du traité Schengen. "Nous sommes ouverts à l’idée d’un contrôle technique pour déterminer à quel point le traité est adapté aux réalités actuelles", a indiqué le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini.
Séduire l’électorat d’extrême droite
Des amendements qui ne sont pas du goût de tous. Contacté par FRANCE 24, Philippe Perchoc, spécialiste des questions européennes au CNRS, estime que cette proposition va à l’encontre de l’esprit européen. "Nous avons choisi d’ouvrir nos frontières à nos voisins. Nous ne pouvons pas revenir sur ce point et affirmer en même temps être pro-européens", s’offusque ainsi celui-ci.
De nombreux experts s’accordent pour dire que les déclarations faites tant à Rome qu'à Paris sont liées à la poussée de l’extrême droite dans les deux pays.