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Plusieurs personnes tuées aux funérailles des victimes de la répression de vendredi

À Douma, des snipers postés sur des toits ont tiré sur la foule lors des funérailles de manifestants tués la veille par les forces de l'ordre - à l'occasion de défilés contre le régime. La police a également tiré à balles réelles à Deraa.

AFP - Au moins treize personnes ont été tuées par balles lors de funérailles samedi de victimes de la répression meurtrière de manifestations hostiles au régime du président syrien Bachar al-Assad et deux députés ainsi qu'un mufti ont démissionné pour protester contre ces violences.

Selon les militants des droits de l'Homme, la répression des manifestations a coûté la vie vendredi à plus de 80 personnes.

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"Les opposants parlent de 'snipers' sur les toits"

En signe de protestation, deux députés "indépendants", Nasser Hariri et Khalil Rifaï, ont affirmé samedi en direct à la télévision al-Jazira avoir démissionné du Parlement. Tous deux sont élus de la région de Deraa où est né le mouvement de contestation.

"J'appelle instamment le président (Bachar al-Assad) à intervenir", a notamment déclaré M. Hariri.

Le mufti de Deraa, plus haute autorité religieuse de cette ville, a également annoncé sa démission.

Samedi, cinq personnes ont été tuées dans la région de Deraa (100 km au sud de Damas), cinq à Douma (à 15 km au nord de Damas) et trois à Damas, alors que des dizaines de milliers de Syriens participaient aux obsèques des victimes de la veille, selon des témoins et militants.

A Douma, cinq personnes ont été tuées par des tireurs embusqués postés sur des immeubles au passage d'un cortège funèbre, selon un témoin et un militant sur place joints au téléphone par l'AFP.

Dans la région de Deraa, où la plupart des boutiques étaient fermées en signe de deuil, cinq personnes ont été tuées "par les forces de sécurité qui ont tiré à balles réelles sur les habitants se rendant vers Ezreh pour assister aux funérailles ainsi que devant l'hôpital de Deraa", a indiqué un autre militant.

Selon des militants, au moins trois personnes ont par ailleurs été tuées par des tirs des forces de sécurité dans le quartier de Barzeh, à Damas.

L'agence de presse officielle Sana a de son côté fait état de huit morts, dont cinq agents de sécurité, accusant une nouvelle fois des "groupes criminels".

"Cinq agents de sécurité ont été tués et cinq autres blessés dans une attaque menée par un groupe armé contre une patrouille à Nawa", près de Deraa, selon Sana, qui a précisé qu'"deux criminels" étaient morts.

Par ailleurs, "deux soldats ont été blessés dans une attaque par un groupe criminel armé contre un point de contrôle à Ezreh et un criminel a été tué", a affirmé l'agence.

Vendredi, qui avait vu une mobilisation inédite des protestataires au lendemain de la levée de l'état d'urgence, la Sécurité a ouvert le feu pour disperser les dizaines de milliers de manifestants.

Au moins 82 personnes avaient été tuées et des centaines blessés, dont des enfants et des personnes âgées, selon des militants et des témoins.

Le Comité syrien des droits de l'Homme, basé à Londres, a évoqué de son côté une liste nominative de 112 morts, dont une minorité n'a pas été authentifiée.

La journée la plus sanglante depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars était jusqu'ici le 23 mars, à Deraa où plus de 100 personnes avaient péri.

Les étudiants des régions de Deraa et Damas ont appelé samedi à "une grève générale dans toutes les universités syriennes jusqu'à la fin des massacres", "la libération des prisonniers politiques" et le jugement des "responsables de tueries".

De Washington à Bruxelles, en passant par l'ONU, les Occidentaux ont exprimé leur indignation et appelé le régime à cesser de recourir à la violence. Les pays arabes n'ont en revanche pas réagi.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a demandé au régime syrien de cesser "immédiatement" de recourir "à la force brutale contre des manifestants", jugeant "essentiel" que Damas entame dès à présent "des réformes politiques profondes".

Le président américain Barack Obama a estimé de son côté que le "recours révoltant à la violence pour lutter contre des manifestations (devait) cesser immédiatement", accusant M. Assad de chercher l'aide de Téhéran pour cette répression.

Les autorités syriennes ont dit "regretter" les propos de M. Obama qui "ne sont pas basés sur une vision objective des faits", selon elle.

Selon la version officielle, les forces de l'ordre sont intervenues vendredi avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau uniquement pour empêcher des heurts "entre manifestants et citoyens" et "protéger des biens privés". Sana, l'agence officielle, a fait état de dix morts dont des membres des forces de sécurité.

Depuis le 15 mars, plus de 310 personnes ont péri dans les violences en Syrie, selon Amnesty International.