
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, répond aux questions de FRANCE 24 à l’heure où la communauté internationale s’est fixé comme objectif la création d’un État palestinien à l’automne prochain.
Le président de l'Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a accordé une interview exclusive à FRANCE 24 lors de sa visite officielle ce jeudi à Paris, avant de s’entretenir avec le président Nicolas Sarkozy à l’Élysée.
Il devait notamment "demander conseil" au chef de l’État français sur les démarches à suivre en vue de la reconnaissance d'un État de Palestine, alors que Paris et l'Union européenne y réfléchissent pour faire avancer le processus de paix avec Israël.
La communauté internationale s'est fixé comme objectif la création de l'État palestinien à l'automne 2011, lors de l'assemblée générale annuelle des Nations unies, à New York. Le président des États-Unis Barack Obama l’avait également évoqué en septembre dernier dans un discours à l’ONU. Plusieurs pays d'Amérique latine ont pris de l’avance sur ce calendrier en reconnaissant d’ores et déjà, de manière unilatérale, l’État palestinien.
Mais de profonds désaccords entre Israéliens et Palestiniens compliquent sérieusement ce calendrier. Ces différends portent notamment sur la question de la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et sur l’ordre du jour dans les négociations. Voici, en substance, ce que Mahmoud Abbas déclare à FRANCE 24 concernant les sujets d’actualités au Proche-Orient.
- La reconnaissance d’un État palestinien par la France, l’Union européenne et la communauté internationale
"On ne peut pas dire que ces organisations ou ces États ont promis de reconnaître un État palestinien. Mais tous les signes qu’ils envoient montrent qu’ils attendent le bon moment pour le faire. Vous aurez d’ailleurs remarqué qu’un certain nombre de pays européens ont multiplié ces derniers temps la présence de délégations et de représentations officielles dans les territoires palestiniens. De notre côté, nous les traitons déjà comme des ambassadeurs".
- En cas d'échec du processus de création d’un État palestinien
"S’il y a une opposition de la communauté internationale - États-Unis compris - à la reconnaissance d’un État palestinien, nous allons réunir tous les responsables politiques de notre pays pour leur exposer les options et décider de l’étape suivante. Mais une troisième intifada n’est pas ma préférence, ce n’est pas notre programme. Je me suis engagé en tant que président de l’AP à ne pas permettre cela. En revanche, la résistance pacifique populaire est permise. Nous voyons d’ailleurs cela tous les jours, avec des Palestiniens, des Européens, et même des Israéliens".
- Nétanyahou est-il la cause de la rupture des négociations ?
"Tous les sondages montrent qu'une majorité du peuple israélien soutient la paix. J’ai rencontré beaucoup d’Israéliens à Ramallah. Des officiers, des responsables politiques, des journalistes...Ils croient à la paix. Quant à Benjamin Nétanyahou, avec qui nous avons discuté longtemps, nous n’avons pas réussi à le convaincre d’arrêter la colonisation, ni de commencer les négociations par la question des frontières. Lui veut commencer par négocier sur la sécurité, ce qui est illogique".
- L'assassinat de l’activiste italien à Gaza par un groupe salafiste
"Je pense que certains groupes extrémistes ont vu le jour dans la bande de Gaza. Ils gravitent autour du Hamas mais n’en font pas partie. Ce sont peut-être des dissidents, ou alors ils sont venus de l’extérieur. Il semblerait qu'ils soient à l’origine de l’assassinat de l’activiste italien, ce qui est un acte odieux qui n’est pas conforme aux traditions palestiniennes".
- Réconciliation entre Fatah et Hamas
"Tous les efforts pour la réconciliation entre le Fatah et le Hamas n’ont pas abouti. Il y a un mois j’ai proposé de me rendre à Gaza pour former un gouvernement de technocrates qui sera chargé de définir le date des prochaines élections législatives et présidentielle. Cette initiative a été très bien accueillie dans le monde entier. Seul le Hamas n’a pas donné sa réponse officielle. Or, nous essayons de pousser cette initiative comme un moyen de réconciliation. Il faut réunifier le pays car, en tant que Palestiniens, nous ne pouvons pas déclarer un État indépendant en étant divisé".