Les forces du président ont ouvert le feu sur des manifestants à Taëz et Sanaa, tuant au moins trois personnes. Les protestataires réclament toujours le départ de Saleh, poussé vers la sortie par la diplomatie régionale, les États-Unis et l'Europe.
Les forces de sécurité ont ouvert le feu mardi sur des milliers de manifestants hostiles au régime au sud de Sanaa, tuant une personne et blessant plusieurs, avant une rencontre d'une délégation du pouvoir avec des médiateurs du Golfe dans la crise au Yémen.
Deux manifestants ont été tués mardi dans la capitale lorsque les unités de police yéménite ont mis fin avec violence à une marche pacifiste hostile au pouvoir, selon des sources médicales. Des hommes armés en civils ont été vus en train de tirer en l'air ou en direction des manifestants, qui les accusent d'être des hommes de main du régime du président Saleh. (AFP)
Elles ont tiré indistinctement sur les protestataires dans le quartier de Wadi al-Qadhi à Taëz, la deuxième ville du pays, pour réclamer la chute du régime du président Ali Abdallah Saleh, blessant plusieurs d'entre eux, selon des témoins et une source médicale.
Un habitant, grièvement atteint par balle alors qu'il passait au volant de sa voiture, a succombé après avoir été admis dans un hôpital de la ville, a indiqué une source médicale. Quatre personnes, dont un photographe d'un journal local, ont été arrêtées, selon des témoins.
Le dialogue au point mort entre Saleh et l’opposition
Alors que le mouvement de contestation réclamant le départ immédiat du président ne faiblit pas près de trois mois après son lancement, le Conseil de sécurité de l'ONU devait tenir en soirée, à l'initiative de l'Allemagne, sa première réunion consacrée à la crise yéménite.
Dans le même temps, les ministres des Affaires étrangères des six monarchies du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) -Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Oman, Qatar, Koweït, Bahreïn- devaient rencontrer à Abou Dhabi des représentants de M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Ils avaient reçu dimanche à Ryad une délégation de l'opposition dans le cadre de leur médiation. Cependant le pouvoir et l'opposition yéménites semblent camper sur leurs positions.
"Nous réaffirmerons (aux médiateurs) notre attachement à la légitimité constitutionnelle. Nous n'accepterons aucun changement en dehors de cette légitimité", a déclaré à l'AFP un responsable du parti de M. Saleh, le Congrès populaire général (CPG), sous couvert de l'anonymat. Le président, dont le mandat court jusqu'en 2013, "a été est élu par le peuple et il n'est pas question qu'il renonce à représenter la volonté du peuple", a dit un autre dirigeant du CPG.
Conduite par Abdel Karim al-Iriani, un conseiller de M. Saleh, la délégation comprend le chef de la diplomatie Abou Bakr al-Kourbi et le président du bloc parlementaire du CPG, Soltane al-Barkani. M. Saleh s'est dit prêt à un transfert pacifique du pouvoir mais dans le cadre de la Constitution. Or pour l'opposition, son départ est un préalable à toute solution. "La crise ne peut être réglée que par son départ", a répété l'un de ses responsables à l'AFP. Il a souhaité que le camp présidentiel "adhère aux efforts des frères du CCG, des Américains et des Européens".
La répression a fait plus de 100 morts en trois mois
Des diplomates américains et européens avaient eu des contacts avec l'opposition à Sanaa, selon un diplomate occidental.
"Les Américains ont proposé un transfert de pouvoir du président Saleh à son vice-président dans un délai d'un mois. Mais nous voulons qu'un tel transfert intervienne dans moins de dix jours", selon le responsable de l'opposition.
La répression de la contestation a fait plus de 100 morts au Yémen, et M. Saleh, qui a perdu le soutien d'une partie de l'armée, de tribus puissantes et de dignitaires religieux, est de plus en plus isolé.
Des dissidents de son parti -des ministres et des députés démissionnaires- ont annoncé la création d'un nouveau parti qui a appelé à son départ "immédiat".
Selon des experts dans la région, l'initiative du CCG apparaît comme une tentative de la dernière chance pour éviter une guerre civile.
Comme le redoutent les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, le chaos ferait le jeu d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), implantée au Yémen et présentée par Washington comme la principale menace pour la sécurité américaine.