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Blaise Compaoré nomme un nouveau Premier ministre

Face à la contestation qui s’étend depuis plusieurs jours et frappe de nouvelles villes, le président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, tente de reprendre la main en rappelant un diplomate en poste à Paris pour le nommer Premier ministre.

AFP - Le président burkinabè Blaise Compaoré a nommé lundi un diplomate Premier ministre pour tenter de freiner divers mouvements de révolte grandissants, avec une manifestation violente dans l'Ouest et une mutinerie militaire étendue à quatre villes après Ouagadougou.

L'ambassadeur burkinabè à Paris, Luc-Adolphe Tiao, remplace Tertius Zongo, dont le gouvernement avait été dissout le 15 avril au lendemain de nouvelles mutineries de soldats au sein de la garde présidentielle.

Sa nomination a été annoncée quelques heures après une manifestation d'étudiants qui a dégénéré à Koudougou (centre-ouest). Les jeunes ont notamment incendié le siège du Congrès pour la démocratie et le développement (CDP, au pouvoir) et une résidence de l'ex-Premier ministre.

Koudougou est la ville d'où est partie la contestation, après la mort d'un élève le 20 février lors d'une manifestation. Ses proches accusent la police d'être à l'origine de sa mort. Selon les autorités, il est décédé d'une méningite.

Auparavant, une nouvelle mutinerie avait secoué Kaya (nord), où des militaires sont descendus pendant plusieurs heures dans les rues, tirant en l'air. Les tirs ont cessé, faute de munitions.

De premières informations faisaient état de l'implication de gendarmes dans cette mutinerie, qui a été démentie par des responsables de la gendarmerie et un habitant.

Le domicile du chef du corps du régiment de Commandement d'appui et de soutien (CAS) a été incendié, celui du commandant de la 1ère région militaire saccagé.

Selon un officier, les militaires demandent "le paiement d'indemnité de logement, de primes alimentaires et des salaires du mois de mars qui n'ont pas été versés du fait de la fermeture des banques à cause de la mutinerie".

Les soldats "s'imitent", a ajouté l'officier. Le paiement des salaires de mars avait débuté samedi dans la capitale et s'est poursuivi lundi dans toutes les garnisons du pays, a-t-il affirmé.

L'indemnité de logement et la prime alimentaire, une des principales revendications des mutins, ont également commencé à être payées dans tous les camps, selon la même source.

Cependant, dans un camp près de Ouagadougou, des soldats ont à nouveau tiré en l'air pendant une heure environ.

La vie à Ouagadougou, un temps transformée en ville morte à cause des mutins, a repris son cours normal.

Au moins 45 personnes ont été blessées par balle depuis le 14 avril à Ouagadougou et deux à Pô, selon des sources hospitalières. Des cas de viols ont également été signalés. Deux militaires ont par ailleurs été tués "par accident" depuis le 15 avril, selon une source militaire.

Etendu à d'autres garnisons de la capitale et de l'intérieur, le mouvement de contestation avait commencé dans la propre garde de Blaise Compaoré.

Dans une déclaration lundi soir à la télévision publique, un soldat de 2e classe, Moussa Ag Abdoulaye, présenté comme le porte-parole de ces ex-mutins a affirmé la "loyauté" à M. Compaoré de ce régiment et appelé les autres militaires "partout dans le pays à cesser les manifestations".

Pour tenter de contenir la révolte, outre la dissolution du gouvernement, le président burkinabè a versé à sa garde la prime de logement et d'alimentation promise et instauré un couvre-feu de 19H00 à 6H00 (locales et GMT).

Son régime est confronté depuis février à plusieurs mouvements de contestation des jeunes, des magistrats, des commerçants et des soldats. Le 8 avril, des dizaines de milliers de personnes avaient protesté pacifiquement contre son pouvoir, en dénonçant également des conditions de vie de plus en plus difficiles. M. Compaoré a été réélu quatre fois avec plus de 80% des voix depuis son arrivée au pouvoir en 1987 par un coup d'Etat.