Bruxelles estime que la France est dans son droit, après l'interruption du trafic ferroviaire à Vintimille (Italie). Cette décision fait suite à l'annulation par Paris d'un train d'immigrés tunisiens en provenance d'Italie.
AFP - La décision de la France de suspendre dimanche la circulation des trains depuis la ville italienne de Vintimille à cause d'une manifestation interdite, a respecté les règles européennes, a jugé lundi la Commission européenne.
"Nous avons reçu ce jour (lundi) une lettre des autorités françaises qui nous expliquent que c'était une mesure d'ordre public, une interruption très temporaire, unique, et que maintenant le trafic passe normalement", a indiqué la commissaire chargée des questions d'immigration, Cecilia Malmström.
it"Il semble que ça ne tombe pas sous le règlement de contrôle des frontières Schengen. Apparemment, ils ont le droit de le faire", a-t-elle ajouté.
Mme Malmström a ainsi donné quitus à la France dans son différend avec l'Italie à propos de cette mesure, jugée par Rome contraire aux principes régissant Schengen, l'espace sans frontières intérieures de l'Union européenne.
Les autorités françaises ont suspendu dimanche pendant six heures la circulation des trains depuis Vintimille pour empêcher l'entrée d'un train avec à son bord des manifestants voulant accompagner en France des immigrés tunisiens.
La tension monte depuis une dizaine de jours entre Paris et Rome après la décision des autorités italiennes de délivrer des permis de séjour aux quelque 20.000 Tunisiens débarqués sur ses côtes depuis janvier pour qu'ils puissent rejoindre "amis et parents" en France et ailleurs en Europe.
Les autorités françaises jugent cette décision inamicale. Selon Paris, ces migrants Tunisiens sont en situation illégale et doivent être renvoyés dans leur pays.
La Commission européenne a donné raison lundi à la France et a rappelé aux autorités italiennes que les permis de séjour temporaires n'étaient en aucun cas une autorisation de voyager dans les autres pays de l'espace Schengen.
Les titulaires de ces permis temporaires doivent avoir un passeport valide et justifier de ressources suffisantes pour pouvoir séjourner dans un autre pays de l'espace Schengen et ensuite regagner leurs pays d'origine, a précisé le porte-parole de Mme Malmström.
La France a renforcé les contrôles de police dans la zone frontalière avec l'Italie et renvoie les Tunisiens en situation irrégulière en Italie, conformément aux termes d'un accord bilatéral signé avec Rome en 1997.
La Belgique a pour sa part renforcé les contrôles douaniers dans les aéroports de Bruxelles et de Charleroi (sud), a annoncé le secrétaire d'Etat à la Politique de Migration et d'Asile, Melchior Wathelet.
D'autres pays comme l'Allemagne et l'Autriche envisagent de faire de même.
"L'Europe ne va nulle part si on érige des murs" entre les pays, s'est insurgé le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini.
Mais l'attitude des autorités italiennes est jugée très sévèrement à Bruxelles.
Le ministre de l'Intérieur, Roberto "Maroni utilise ces 20.000 migrants à des fins politiques, électorales, pour son parti, la Ligue du Nord", le mouvement xénophobe membre du gouvernement dirigé par Silvio Berlusconi, accusent de nombreux diplomates sous couvert de l'anonymat.
Mme Malmström est consciente des risques que fait peser ce jeu dangereux et met en garde contre la remise en question de Schengen. "Ce serait très dangereux car c'est un des fondamentaux de la libre circulation dans l'Union européenne", a-t-elle averti.