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Bachar al-Assad annonce l'abolition imminente de la loi d'urgence

Lors d'un discours devant le nouveau gouvernement, Bachar al-Assad a promis, d'ici une semaine, l'abolition de la loi d'urgence en vigueur depuis 1963. Il a aussi exprimé sa "tristesse" pour les décès liés aux émeutes secouant le pays depuis un mois.

AFP - Le président syrien Bachar al-Assad a promis samedi que la loi d'urgence, dont l'abrogation est l'une des principales revendications des contestataires, serait abolie dans "une semaine maximum", alors que la pression de la rue et de l'étranger monte.

"La commission juridique sur la loi d'urgence a élaboré une série de propositions en vue d'une nouvelle législation. Ces propositions seront soumises au gouvernement qui promulguera des lois (...) dans une semaine maximum", a dit M. Assad, qui présidait le premier conseil des ministres de son nouveau gouvernement formé jeudi.

La loi d'urgence en vigueur depuis 1963 réduit les libertés publiques, impose des restrictions sur la liberté de réunion et de déplacement, et permet l'arrestation de "suspects ou de personnes menaçant la sécurité".

Le président, au pouvoir depuis 2000, a exprimé sa "peine" pour les personnes mortes et blessées durant les manifestations contre le régime depuis le 15 mars, début d'un mouvement de contestation sans précédent qui a été durement réprimé.

Dans son discours retransmis par la télévision, il a assuré que "le sang versé nous fait beaucoup de peine (...). Nous regrettons la mort de toutes les personnes, civils ou forces armées".

Selon Amnesty International, au moins 200 personnes ont été tuées, la plupart par les forces de sécurité ou par des policiers en civil. Les autorités accusent des bandes "criminelles" ou "armées" d'être responsables des tirs qui ont tué manifestants et forces de l'ordre.

Bachar al-Assad était intervenu publiquement pour la première fois depuis le début des troubles, le 30 mars, dénonçant avec force une "conspiration" contre son pays. La "conspiration est toujours présente", a-t-il déclaré samedi.

Mais il a appelé à un "dialogue approfondi" dans le pays. "Nous avons constaté ces derniers jours un fossé entre le citoyen et les institutions de l'Etat, ce fossé doit être rapidement comblé", a-t-il reconnu.

Le chef de l'Etat a aussi énuméré une série de problèmes qui ont conduit selon lui les gens à manifester, notamment le chômage et la corruption. "La corruption est une menace pour l'avenir du pays et son développement", a-t-il dit.

Alors que le pays souffre d'un chômage élevé, il a estimé que lorsque "les gens ont le sentiment que leur horizon est limité, cela peut conduire au désespoir", et plaidé pour un "rôle important" de l'Etat dans ce domaine.

Sur le terrain, des milliers de personnes ont participé à Banias (nord-ouest) aux obsèques d'un homme ayant succombé après avoir été blessé par balles le 10 avril, selon des témoins et des militants des droits de l'Homme.

Elles ont scandé des slogans pour les libertés, contre le parti Baas au pouvoir depuis près de 50 ans, et appelant à la chute du régime, selon ces sources.

Quelque 2.000 femmes ont ensuite manifesté dans le centre-ville en scandant: "Dieu, liberté et c'est tout" et "l'armée et le peuple ensemble", selon le président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, Abdel Karim Rihaoui.

Des manifestations avaient rassemblé vendredi des dizaines de milliers de personnes à travers tout le pays, l'une des mobilisations les plus importantes depuis le début du mouvement.

Jeudi, M. Assad avait décidé de libérer "tous les détenus" arrêtés dans le cadre des manifestations, "sauf ceux qui ont commis des actes criminels". Mais de "nombreux militants" sont toujours détenus, notamment l'écrivain et journaliste Fayez Sara, a affirmé samedi la Ligue syrienne pour les droits de l'Homme dans un communiqué.

Des centaines de personnes ont été arrêtées dans tout le pays depuis un mois selon Human Rights Watch qui accuse les services de sécurité d'avoir torturé nombre d'entre elles.

A l'étranger, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait exhorté vendredi le régime à cesser la répression. "Il est temps que le gouvernement syrien cesse de réprimer ses citoyens et commence à satisfaire leurs aspirations", a-t-elle dit. L'ONU a aussi appelé les autorités à "stopper immédiatement" la "répression brutale".