Samedi, des dizaines de millions de Nigérians se sont rendus aux urnes à l'occasion de l'élection présidentielle. Au pouvoir depuis 1999, le président sortant Goodluck Jonathan (PDP) est favori, l'opposition n'ayant pu trouver un consensus.
AFP - Des dizaines de millions de Nigérians ont voté samedi massivement à l'élection présidentielle, alors que les premiers résultats indiquent que le président sortant Goodluck Jonathan et son rival Muhammadu Buhari sont au coude-à-coude.
Jonathan serait en tête dans les zones chrétiennes du sud du pays. Mais les premiers résultats indiquent que Buhari est largement devant dans les zones musulmanes.
it"Ca va être serré", a déclaré l'ancien ministre Nasir el Rufai, partisan de Buhari, dans un bureau de vote à Abuja. "Ma seule crainte est que cela devienne un match entre le nord et le sud du pays, si l'on arrive à une situation où Buhari rafle les voix du Nord et que Jonathan l'emporte dans le sud. Il est probable qu'il y aura un second tour", estime-t-il.
Pour l'emporter dès le premier tour, un candidat doit obtenir au moins un quart des voix dans les deux tiers des 36 Etats du pays.
Dans l'ensemble, l'élection s'est déroulée dans le calme et sans violences, même si l'explosion de deux bombes, tôt dans la matinée, dans la région instable de Maiduguri, a dans un premier temps perturbé le scrutin dans cette province du nord-est du pays, avant que le calme ne finisse par revenir.
Des bourrages d'urnes et des votes de personnes mineures auraient eu lieu dans certains endroits. Dans l'Etat de Bauchi, dans le nord du pays, des jeunes gens en colère ont mis le feu à un bureau de la commission électorale après que des autorités ont découvert des bulletins de vote avec de l'encre.
"Il y a quelques problèmes qui méritent d'être signalés mais dans l'ensemble, le vote s'est beaucoup mieux déroulé que par le passé", estime Clement Nwankwo, qui supervise le vote à Abuja.
L'élection oppose le président Goodluck Jonathan, premier chef d'Etat issu du Delta du Niger, dans le Sud pétrolifère, à Muhammadu Buhari, qui dirigea la junte militaire au début des années 1980, issu du Nord majoritairement musulman du pays.
Parmi les autres candidats, Nuhu Ribadu, ex-président de la commission de répression de la corruption, et Ibrahim Shekarau, gouverneur de l'Etat de Kano (nord), sont considérés comme des outsiders.
Depuis la fin de la junte militaire, en 1999, le Nigeria, géant d'Afrique plus peuplé que la Russie, n'a jamais connu de scrutin présidentiel libre et équitable, et nombre de ses 150
millions d'habitants ne croient guère aux bénéfices de la démocratie.
Mais le déroulement relativement correct des élections législatives il y a une semaine, jugées crédibles par les observateurs en dépit d'incidents isolés, a redoré le blason de
la CENI, la commission électorale indépendante, et redonné foi dans sa capacité à tourner la page des scrutins passés.
La campagne électorale s'est déroulée dans un climat apaisé, éloignant les craintes que l'affrontement dans les urnes entre Goodluck Jonathan, chrétien de 53 ans, et ses adversaires musulmans du Nord ne polarisent les tensions religieuses dans un pays où chrétiens et musulmans représentent à peu près le même poids démographique.
73 millions d'électeurs
"Si le Nigeria s'en sort bien, cela aura un impact positif sur le reste du continent et prouvera au reste du monde que l'Afrique est capable de gérer ses processus électoraux", note l'ancien président ghanéen John Kufuor, qui dirige la mission d'observation de l'Union africaine.
A l'inverse, un échec aurait des "conséquences sinistres" pour le continent africain, ajoute-t-il.
itGoodluck Jonathan, ex-vice-président qui a accédé sans scrutin à la magistrature suprême à la mort l'an dernier d'Umaru Yar'Adua, un musulman originaire du Nord, est le favori du scrutin. Sa formation, le Parti démocratique du peuple (PDP), a fait élire tous ses candidats à la présidence depuis 1999.
Mais certains estiment qu'en obtenant un nouveau mandat de quatre ans, Jonathan romprait la règle informelle de rotation entre dirigeants du nord et du sud.
Muhammadu Buhari s'est fait connaître par sa "guerre contre l'indiscipline". La formation dont il porte les couleurs, le Congrès pour le changement progressiste (CPC), est une nouvelle venu.
Lui, en revanche, est un vétéran du jeu politique nigérian. Né en 1942, doyen des candidats cette année, il a dirigé la junte militaire de décembre 1983 à août 1985, lorsqu'il a été renversé par le général Ibrahim Babangida.
Plus de 73 millions d'électeurs potentiels ont été recensés par la commission électorale. Les Nigérians ont pu voter dans les 120.000 bureaux de vote.
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