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Un nouveau gouvernement pour tenter de calmer la contestation

Le Premier ministre désigné Adel Safar a formé, jeudi, un nouveau gouvernement, chargé de conduire les réformes sociales et politiques réclamées par les manifestants. Le président Bachar al-Assad a annoncé des libérations de détenus.

AFP - Un nouveau gouvernement a été formé jeudi en Syrie, avec pour tâche d'entreprendre un programme de réformes, au moment où le président Bachar al-Assad décidait de libérer les personnes arrêtées depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars, à l'exception des "criminels".

Sur le terrain, les violences se poursuivaient à Banias (nord-ouest), où un soldat a été tué.

Le gouvernement, dirigé par Adel Safar, ancien ministre de l'Agriculture, doit mener un programme de réformes comprenant notamment la levée de la loi d'urgence, en vigueur depuis 1963, la libéralisation de la presse et l'instauration du pluralisme politique.

Ces réformes figurent parmi les revendications essentielles des contestataires.

Les titulaires des principaux ministères, notamment celui de la Défense Ali Habib, des Affaires étrangères Walid Mouallem, du Pétrole Soufiane Allaou et de l'irrigation Georges Soumi, restent inchangés.

Le général Mohammad Ibrahim al-Chaar a été nommé ministre de l'Intérieur.

L'ancien gouvernement, dirigé depuis 2003 par Mohammad Naji Otri, avait démissionné le 29 mars.

La télévision officielle a indiqué de son côté que M. Assad avait décidé de "libérer tous les détenus sur fond des derniers évènements, à l'exception de ceux qui ont commis des actes criminels envers la patrie et les citoyens". Elle n'a pas précisé le nombre de personnes devant être relâchées.

Les manifestations, lancées le 15 mars, ont été durement réprimées par les forces de l'ordre qui ont arrêté des dizaines de personnes et tué plus d'une centaine d'autres, selon des militants des droits de l'Homme.

De leur côté, les autorités imputent les violences à des bandes "armées" ou "criminelles".

A Banias, un soldat a été tué et un autre blessé jeudi lorsque des "francs-tireurs" ont ouvert le feu sur une patrouille, selon l'agence officielle Sana, qualifiant les auteurs de l'attaque de "bande criminelle".

Cet incident survient alors qu'un accord a été conclu entre les autorités et des habitants permettant l'entrée de l'armée dans Banias pour y rétablir l'ordre, a indiqué Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme (OSDH).

Les forces de l'ordre encerclent depuis dimanche cette ville côtière après des affrontements meurtriers ce week-end.

Selon M. Abdel Rahmane, l'accord prévoit aussi que les membres "des bandes armées (...) ayant provoqué des troubles confessionnels dans le but de créer des dissensions seront poursuivis".

Toujours selon l'accord, "les centaines de personnes arrêtées à Banias et dans les villages voisins seront libérées", a-t-il ajouté.

L'OSDH a affirmé peu après que des centaines de personnes arrêtées ces derniers jours dans cette région avaient été relâchées.

Mais certaines ont affirmé avoir été "torturées par leurs geôliers". D'autres ont dit n'avoir jamais participé dans leur vie à une manifestation, précise l'OSDH.

De nouveaux appels à des manifestations vendredi dans tout le pays ont été lancés sur Facebook. La contestation avait touché mercredi pour la première fois Alep, deuxième ville du pays.

Les ambassadeurs de France, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne, et de Grande-Bretagne en Syrie se sont inquiétés à Damas de l'escale de la violence et ont appelé le gouvernement à "engager des réformes politiques crédibles".

La diplomatie américaine a, elle, accusé l'Iran d'aider le régime syrien à réprimer les manifestations.

Damas a de son côté appelé le Liban à "agir" après que des membres présumés d'un "réseau terroriste" ont affirmé avoir reçu des armes de l'étranger, notamment d'un député libanais, pour inciter à la contestation en Syrie.

Des centaines de camions en provenance du Liban étaient retenus jeudi du côté syrien de la frontière en raison de contrôles de sécurité "renforcés", selon les services de sécurité libanais.