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Les suspects de l'attentat de Minsk passent aux aveux

Deux jours après l'attentat dans la station de métro à Minsk, où douze personnes ont été tuées, le président bélarusse, Alexandre Loukachenko, a annoncé "l'élucidation du crime". Il avait ordonné l'interrogation des membres de l'opposition.

AFP - Le président bélarusse, Alexandre Loukachenko, a annoncé mercredi que les suspects arrêtés avaient avoué leur participation à l'attentat qui a fait 12 morts lundi à Minsk, et a ordonné de rechercher le commanditaire en interrogeant l'opposition, qui craint une vague de répression.

"Le crime a été élucidé à 05H00 (...), ils ont avoué", a déclaré M. Loukachenko à la télévision bélarusse, peu après l'annonce par le parquet général de l'arrestation de deux suspects dans l'enquête sur l'attentat dans le métro de minsk, qui a fait également près de 190 blessés.

"Les suspects ont avoué leur participation à l'attentat dans le métro, mais ils ont aussi sur la conscience les attentats commis le jour de l'Indépendance (en 2008 à Minsk) et à Vitebsk (en 2005 dans l'est du pays)", a ajouté M. Loukachenko.

Ces deux explosions, qui n'avaient fait que des blessés, avaient été attribuées à des groupes nationalistes par les autorités, sans que l'enquête ne débouche sur des condamnations.

Le chef de l'Etat, qui dirige d'une main de fer cette ancienne république soviétique depuis 16 ans, s'en est ensuite pris à l'opposition.

"J'ai ordonné d'examiner toutes les déclarations des figures politiques. Nous cherchons les complices et les commanditaires. Ces figures de la prétendue cinquième colonne pourraient montrer leurs cartes et nous indiquer qui est le commanditaire", a averti le président bélarusse.

M. Loukachenko a utilisé à plusieurs reprises par le passé l'expression "cinquième colonne", par laquelle il désigne le "complot" présumé de l'opposition et des Occidentaux contre lui.

"Il faut tous les faire venir et les interroger sans égard pour la démocratie et les lamentations des Occidentaux larmoyants", a-t-il encore dit.

Les Etats-Unis et l'Europe, qui dénonce depuis des années les entorses aux libertés au Bélarus, ont dénoncé ces derniers mois les procès d'opposants et la violente répression de la manifestation le soir de la présidentielle du 19 décembre, au cours de laquelle l'opposition avait dénoncé des fraudes.

Le procureur général adjoint du Bélarus, Andreï Chved, a affirmé que les enregistrements des caméras de surveillance montraient l'un des deux suspects posant la bombe lundi dans le métro.

"Les images vidéo montrent bien comment le suspect arrive à la station Koupalovskaïa, passe à la station Oktiabrskaïa, comment sur le quai il laisse un sac sous un banc et s'en va tout en faisant quelque chose avec la main dans la poche de sa veste, après quoi l'explosion se produit", a dit le magistrat.

Les deux suspects sont des citoyens du Bélarus qui "sans aucun doute se connaissent depuis longtemps", a-t-il ajouté.

Selon une source policière citée par Interfax, le principal suspect est un jeune homme de 25 ans, qui aurait raconté avoir, après avoir fait son service militaire dans l'armée bélarusse, trouvé sur l'internet des instructions pour fabriquer un engin explosif.

"Il explique ses actes par le plaisir que lui procure la souffrance humaine", a affirmé cette source.

L'autre suspect serait une jeune femme qui se serait présentée comme sa "petite amie", selon cette source.

Les autorités avaient annoncé mardi rechercher un suspect d'apparence "non slave".

La ville de Minsk observait mercredi une journée de deuil à la mémoire des victimes.

Le soir de l'explosion, le président Loukachenko, qui a accusé à plusieurs reprises l'opposition de fomenter le renversement de son régime avec l'aide de pays occidentaux, avait estimé que l'attentat avait pu être organisé "de l'étranger", mais ordonné "qu'on regarde aussi chez nous".

"Retournez tout le pays", avait-il intimé au chef du KGB bélarusse.

L'opposition avait indiqué dès mardi craindre une vague de répression dans le pays.

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