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Le poète Aimé Césaire est entré au Panthéon

Un hommage national hautement symbolique a été rendu au Panthéon, ce mercredi, à Aimé Césaire, poète et homme politique martiniquais décédé en 2008. Son corps restera, conformément à sa volonté, en Martinique.

AFP - La France a rendu mercredi un hommage solennel hautement symbolique à Aimé Césaire, poète, dramaturge et homme politique martiniquais mort en avril 2008, dont le nom est désormais gravé au Panthéon aux côtés de ceux de Victor Schoelcher, Zola, Hugo ou Jean Moulin.

La dépouille d'Aimé Césaire restera, conformément à sa volonté, en Martinique. Une plaque portant son nom est désormais scellée dans la crypte du Panthéon.

Nicolas Sarkozy, qui a participé à la cérémonie aux côtés de la famille du poète, de plusieurs ministres, dont François Fillon, d'élus ultramarins et d'un millier d'invités, a salué "le combattant inlassable de la cause martiniquaise et de la négritude".

"+Nous sommes là pour dire et réclamer: laissez entrer les peuples noirs sur la grande scène de l'Histoire+", a déclaré M. Sarkozy, citant Aimé Césaire en 1956. "Ce combat allait être le combat de toute sa vie".

Sous le soleil parisien, se pressait aussi une foule compacte que le chef de l'Etat est venu saluer après la cérémonie, retransmise sur des écrans géants.

"C'est un événement que l'on ne vivra qu'une fois, voir un grand homme des Caraïbes qui a fait connaître les valeurs de la négritude et de l'humanisme, entrer au Panthéon", dit à l'AFP Jean Liseron, 64 ans, qui n'aurait manqué pour rien au monde la cérémonie.

"C'est inespéré de voir un homme noir entrer au Panthéon. Et c'est un espoir qu'il ouvre la porte à d'autres", renchérit Myriam Berville, Guadeloupéenne de 31 ans.

Venu exprès de Martinique, Roland Verond, 55 ans, lance : "il y a un avant et un après Césaire. Son passage sur terre a été une révélation".

"On dit toujours les Antilles, mais Césaire était universel et s'adressait à tous les peuples noirs", tient à souligner Houria Said, poétesse malgache de 50 ans.

Sous la nef, étaient aussi présents une centaine d'élèves de Martinique et de métropole, ainsi que ceux du lycée Louis Le Grand et de l'Ecole normale supérieure, où étudia cet intellectuel et homme politique engagé, chantre de la négritude, militant anti-colonialiste et "ami-frère" de Léopold Sedar Senghor.

Après la lecture de textes de Césaire par des comédiens, une lycéenne martiniquaise a lu un de ses poèmes, avant la diffusion d'un film sur la vie de l'auteur de "Cahier d'un retour au pays natal", "La tragédie du roi Christophe" ou encore "Toussaint Louverture".

Le public pourra se rendre au Panthéon gratuitement jusqu'à dimanche.

L'hommage solennel de la Nation avait été annoncé en janvier 2011 par le président Sarkozy lors d'un déplacement aux Antilles afin de marquer "la reconnaissance de la France" à Aimé Césaire et celle de la vitalité des cultures d'Outre-mer.

Les relations entre Nicolas Sarkozy et Aimé Césaire, député de la Martinique jusqu'en 1993 et maire de Fort-de-France jusqu'en 2001, ont parfois été mouvementées.

En 2005, le poète martiniquais avait refusé de recevoir celui qui était alors ministre de l'Intérieur pour dénoncer la loi controversée sur les bienfaits de la colonisation. Les deux hommes s'étaient ensuite réconciliés et le chef de l'Etat avait présidé les obsèques nationales d'Aimé Césaire en 2008 à Fort-de-France.

A cette occasion, la population avait scandé "Eia" (hourrah en créole) pour leur poète, mot repris mercredi par la première secrétaire du PS Martine Aubry.

Immense figure du XXe siècle et inlassable avocat des opprimés, Aimé Césaire, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe en Martinique, est mort le 17 avril 2008 à 94 ans. Il avait consacré 56 ans à la vie politique.