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Les cinq hommes accusés d'avoir fomenté les attentats du 11 septembre 2001 seront jugés dans un délai assez court devant un tribunal militaire d'exception à Guantanamo, et non devant un tribunal de droit commun à New York.
AFP - Le procès des cinq accusés du 11-Septembre aura lieu devant un tribunal militaire d'exception à Guantanamo, et non devant un tribunal de droit commun à New York, une annonce en forme d'échec pour le président Obama le jour même où il déclarait être candidat à sa succession.
Le ministre américain de la Justice Eric Holder doit tenir une conférence de presse à 18H00 GMT pour annoncer que le cerveau auto-revendiqué des attentats Khaled Cheikh Mohammed et ses quatre complices seront "jugés à Guantanamo", a déclaré lundi à l'AFP un responsable américain sous couvert de l'anonymat.
L'annonce intervient quelques heures à peine après que le président démocrate Barack Obama eut officiellement annoncé qu'il se représentait pour la présidentielle de 2012.
Il s'agit pourtant d'un revers majeur dans la politique que le candidat Obama de 2008 affirmait vouloir mettre en oeuvre pour en finir avec les excès de la "guerre contre le terrorisme" de son prédécesseur, le conservateur George W. Bush.
Khaled Cheikh Mohammed, Koweïtien, 45 ans, Ramzi ben-al-Chaïba, Yéménite, 38 ans, Ali Abd al-Aziz Ali, Pakistanais d'une trentaine d'années, Wallid ben Attach, Saoudien d'une trentaine d'années et Moustapha al-Houssaoui, Saoudien, 42 ans, sont enfermés à Guantanamo depuis septembre 2006. Ils sont tous passés auparavant par les prisons secrètes de la CIA, où ils ont été maltraités, voire torturés.
Ils sont accusés à des degrés divers d'avoir organisé les attentats du 11 septembre 2001 qui ont fait plus de 3.000 aux Etats-Unis. Tous risquent la peine de mort.
Leur procès pour "crimes de guerre" devant un tribunal militaire d'exception à Guantanamo, version Bush, avait commencé au printemps 2008 avant d'être suspendu sine die par Barack Obama, le soir même de sa prise de fonction.
En novembre 2009, son administration avait annoncé qu'ils seraient renvoyés devant un tribunal fédéral, en plein coeur de Manhattan, à quelques pâtés de maison de Ground Zéro, une décision symbolique qui avait satisfait les associations.
Mais petit à petit, poussés par la colère des républicains du Congrès, le maire de New York et son chef de la police ont fait machine arrière et exprimé leurs inquiétudes quant au coût d'un tel procès, tant en termes financiers que de sécurité.
L'administration Obama elle-même, rendue incapable par le Congrès d'accéder à sa promesse de fermer la prison de Guantanamo en un an, a commencé à se fissurer et l'idée d'organiser le procès à Guantanamo a gagné du terrain.
Jusqu'à l'emporter, au moins dans le dossier le plus symbolique.
Barack Obama a été critiqué sur sa gauche de toutes parts pour avoir "oublié" ses promesses de campagne concernant Guantanamo et ses procès. Mais dès mai 2009, il avait posé la première pierre de ce renoncement et ordonné le rétablissement des tribunaux d'exception de Guantanamo après réforme.
Menée à l'automne 2009, cette réforme élaborée main dans la main avec le Congrès a consenti davantage de droits à la défense mais pas suffisamment pour ses détracteurs.
Ainsi, le juge militaire présidant le procès peut toujours accepter des déclarations faites sous la contrainte ou ne pas tenir compte de la torture en examinant une condamnation à mort. Il a également conservé toute discrétion pour admettre des preuves indirectes, c'est-à-dire non confirmées à la barre par un témoin.
"Il est regrettable que l'administration Obama ait mis plus de deux ans pour se faire une idée sur ce que la majorité des Américains savent déjà: Khaled Cheikh Mohammed n'est pas un criminel de droit commun, c'est un criminel de guerre", a réagi le représentant républicain du Texas, Lamar Smith.