Près d'un mois après Paris, l'Italie a décidé de reconnaître l'organe politique de l'insurrection libyenne comme "seul interlocuteur légitime" du pays. Rome n'exclut pas de fournir des armes aux rebelles. Mais seulement "en dernier recours".
AFP - L'Italie reconnaît le Conseil national de transition (CNT) libyen comme le "seul interlocuteur légitime" et estime que les propositions de sortie de crise du régime de Kadhafi "ne sont pas crédibles", a indiqué lundi le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini.
"L'Italie a décidé de reconnaître le CNT comme le seul interlocuteur légitime", a déclaré M. Frattini après avoir reçu à Rome le responsable pour la politique étrangère du CNT (représentant de la rébellion au colonel Mouammar Kadhafi), Ali Al Isawi.
Le ministre italien a souligné que "le régime de Tripoli est en train d'envoyer des émissaires en Grèce pour faire des propositions" en vue d'une solution au conflit. Mais "ces propositions ne sont pas crédibles", a estimé M. Frattini.
M. Frattini a dit en avoir discuté lundi matin avec son homologue grec. Le message transmis à Athènes est que "le régime (Kadhafi) respectera le cessez-le-feu. Rien à propos d'un départ de Kadhafi et c'est pour cela que nous ne pouvons pas accepter" ces propositions, a indiqué M. Frattini.
Pour M. Frattini, "on ne peut pas exclure" la possibilité de fournir des armes aux rebelles, mais seulement "en dernier recours".
"Des avions italiens seront utilisés pour évacuer les blessés de l'hôpital de Misrata (est de Tripoli) ainsi qu'un bateau hôpital", a par ailleurs promis M. Frattini en proposant aussi d'"envoyer des médecins et infirmières à l'hôpital de Misrata".
Le ministre italien a aussi offert de coopérer concrètement à la "reconstruction de la Libye", avec la mise à disposition d'"experts pour aider le Conseil à faire redémarrer l'économie".
Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati Laabidi, s'est rendu dimanche en Grèce où il a rencontré le chef de la diplomatie grecque Dimitris Droutsas et doit se rendre ce lundi en Turquie puis à Malte.
Selon les médias italiens, le régime de Tripoli souhaiterait la collaboration de la Grèce et de Malte, en tant que membres de l'Union européenne, et d'Ankara en tant que membre de premier plan de l'Otan à une médiation en vue d'un cessez-le-feu.
Le Premier ministre maltais Lawrence Gonzi a confirmé qu'il recevrait lundi l'émissaire du régime Kadhafi, après avoir été sollicité d'urgence par Tripoli.
L'heure de l'entrevue n'a pas été fixée. Malte a accepté de le rencontrer pour lui transmettre le message de La Valette qui consiste à appeler à l'arrêt de toute violence, a précisé M. Gonzi.
Interviewé par la télévision Rai Due à Benghazi, le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil a estimé qu'il n'y a que deux chemins possibles: "ou l'Otan nous aide à nous libérer des tireurs embusqués ou elle nous procure les armes pour que nos combattants le fassent".
Il a souligné que le responsable du CNT pour la politique étrangère s'est rendu à Rome pour "demander à l'Italie d'assumer un rôle important dans le cadre de la mission de l'Otan pour protéger le peuple libyen".
M. Abdeljalil a remercié l'Italie d'avoir adhéré à l'établissement de la zone d'exclusion aérienne et pour "le rôle important de ses bases dans la protection et le contrôle du territoire et du peuple" libyens.