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La force française Licorne prend le contrôle de l'aéroport d'Abidjan

Les troupes de l'opération Licorne ont placé l'aéroport international d'Abidjan sous leur contrôle. Pour le camp du président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, la force française agit comme une "armée d'occupation".

Le camp de Laurent Gbagbo résiste. Trois jours après être entrées dans Abidjan, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), alliées au président reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, ne sont pas parvenues à s’emparer de la Radio-télévision ivoirienne (RTI), ni du palais et de la résidence présidentiels.

De son côté, la force française de l’opération Licorne a pris le contrôle de l'aéroport d’Abidjan, en coordination avec l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Soucieux d’"assurer la sécurité des ressortissants français et étrangers" vivant dans la capitale économique ivoirienne, l'état-major des armées françaises a décidé d’envoyer 300 hommes en renfort des quelque 1 100 soldats de Licorne déjà déployés sur place.

Le camp de Laurent Gbagbo a vivement réagi à cette prise de contrôle, dimanche, qualifiant la force française Licorne "d'armée d'occupation [agissant] en dehors de tout mandat" de l'ONU.

"Nous croyions avoir à faire à une rébellion de Ouattara [...] en réalité la Côte d'Ivoire est engagée dans une guerre contre l'armée française. Nous souhaitons interpeller l'opinion française et internationale sur les agissements de l'État français qui sera responsable, coupable de la guerre civile", a déclaré le conseiller du président sortant Alain Toussaint,  lors d'une conférence de presse aux côtés de Jacques Vergès, avocat proche de Laurent Gbagbo.

Réunion de crise à l’Élysée

Plus de 1 500 étrangers, dont 700 Français, sont actuellement regroupés dans le camp de Licorne, afin de se mettre à l'abri des violences et des pillages. Le président français, Nicolas Sarkozy, a convoqué une réunion de crise ce dimanche après-midi à l'Élysée pour décider des suites à donner à l’action française en Côte d’Ivoire.

Dans la nuit de samedi à dimanche, seuls quelques tirs à l’arme lourde ont été entendus dans le quartier d’affaires du Plateau, qui abrite le palais présidentiel. Annoncé dans la soirée de samedi, l’assaut final des pro-Ouattara était censé mettre un point final à l’offensive éclair qui leur a permis de prendre, au prix de centaines de morts, d’après plusieurs organisations humanitaires, le contrôle de l’ensemble du pays.

Gbagbo use de l’arme médiatique

Selon une source citée par Radio France internationale (RFI), les combattants ouattaristes attendaient de l’Onuci qu’elle détruise en partie l’armement lourd des forces loyales à Laurent Gbagbo. En vain.

Le camp Gbagbo a profité de ce répit pour organiser une offensive médiatique via la RTI, sur laquelle il a gardé la main. Tout au long de la journée de samedi, la télévision d’État a diffusé des images montrant le président sortant tout sourire et appelé le mouvement pro-Gbagbo des Jeunes patriotes à se mobilier.

Craignant une flambée de violences à Abidjan, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a une nouvelle fois exhorté, ce dimanche, Laurent Gbagbo à se retirer "immédiatement" du pouvoir, dont il ne détient plus aujourd’hui que les symboles.