Le président kazakh sortant, Noursoultan Nazarbaïev, est le grand favori de la présidentielle anticipée qui se tient ce dimanche. Un scrutin qui, malgré le boycott de l'opposition, doit permettre au chef de l'État d'asseoir son autorité.
AFP - Le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a défendu dimanche son régime en votant lors d'une présidentielle anticipée, boycottée par l'opposition et qui doit cimenter son règne dans cette ex-république soviétique d'Asie centrale riche en hydrocarbures.
"Nous avons une société ouverte et démocratique", a déclaré M. Nazarbaïev après avoir voté à la Bibliothèque académique nationale à Astana.
it"Tous les candidats à la présidentielle ont eu les possibilités égales pour visiter les régions. Ils ont eu l'accès égal au médias. Ils ont exprimé leurs idées au peuple kazakh", a-t-il poursuivi.
Cette élection, d'ores et déjà critiquée par les observateurs en raison de la domination du chef de l'Etat dans la campagne, se déroule alors que plusieurs pays musulmans sont secoués par des révoltes pour renverser leurs leaders au pouvoir depuis des décennies. La population du Kazakhstan est à majorité musulmane et M. Nazarbaïev est au pouvoir depuis 1989, soit avant l'effondrement de l'URSS.
Mais un tel scénario semble pourtant très peu probable dans un pays champion de la croissance dans la région grâce aux revenus pétroliers.
Le chef de l'Etat kazakh, âgé de 70 ans, avait annoncé fin janvier à la surprise générale une élection présidentielle anticipée, rejetant la tenue d'un référendum pour prolonger jusqu'en 2020 son mandat comme le souhaitait le Parlement, dont tous les sièges sont contrôlés par le parti présidentiel, Nour Otan.
Une décision intervenue après de vives critiques de ses alliés occidentaux, les Etats-Unis et l'Union européenne.
L'opposition a décidé de boycotter l'élection estimant ne pas avoir le temps de se mettre en ordre de bataille et dénonçant une manoeuvre du chef de l'Etat.
M. Nazarbaïev a face à lui trois adversaires au poids politique insignifiant. Deux d'entre eux -le communiste Jambyl Akhmetbekov et le sénateur Gani Kassymov- s'étaient d'ailleurs prononcés en faveur de la prolongation de son mandat jusqu'en 2020.
L'un des principaux conseillers politiques du président, Ermoukhamet Ertysbaïev, a d'ores et déjà annoncé que M. Nazarbaïev "fera mieux que 91%", son score lors de la présidentielle de 2005.
Aucune élection au Kazakhstan n'a été reconnue comme libre par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) depuis l'indépendance du pays en 1991.
Le vote est par ailleurs terni par les inquiétudes sur le sort de Daniyar Moldachiov, l'éditeur du principal journal d'opposition au Kazakhstan, Golos Respoubliki. Selon ces collègues il a été agressé et aurait été enlevé par des inconnus.
Selon de hauts responsables kazakhs la stabilité doit permettre au président de démocratiser à terme le pays, et "d'avancer vers une démocratie de style occidental", selon les termes du Premier ministre Karim Massimov dans une interview à l'AFP.
"Pour un développement stable dans l'avenir il faudrait un système de contrepoids y compris dans le système politique", a souligné M. Massimov, tout en relevant qu'un tel processus prendrait du temps.
M. Nazarbaïev s'est fait attribuer en 2010 le titre d'Elbassy (chef de la Nation en kazakh), statut qui lui confère, à vie, le pouvoir de décider des grandes orientations politiques du pays ainsi qu'une immunité perpétuelle.
Si le Kazakhstan est loin d'être un modèle démocratique, Noursoultan Nazarbaïev bénéficie d'une réelle popularité auprès de ses 16 millions de concitoyens.
Sous l'impulsion de son président, ce pays regorgeant d'hydrocarbures et d'autres matières premières a aussi construit des relations étroites avec la Russie, la Chine et les puissances occidentales.